Entre autoflagellation un peu narcissique et défense de son parcours, Yann Moix se "confesse" dans ONPC
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Publié le 01-09-2019 à 08h28 - Mis à jour le 03-09-2019 à 11h14
La venue de Yann Moix chez Ruquier samedi soir n’a pas levé le scandale et le mystère autour de lui.
Suite à la révélation des ignobles dessins antisémites qu’il réalisa brièvement à 20 ans, France 2 hésita à décommander l’auteur d’Orléans où il raconte les tortures que lui ont infligé selon lui ses parents. Frédéric Beigbeder avait choisi de ne pas venir, remplacé par un FO Giesbert gêné aux entournures. Seul la philosophe Adèle Van Reeth a tenté de percer le mystère Moix en posant la question de la vérité chez lui.
Moix est venu, la mine épouvantable, et d’emblée s’est « confessé » devant son « ami Ruquier »: « Je demande pardon pour les dessins abjects, choquants que j'ai commis à 20 ans. Le jeune homme que j'étais, je lui cracherais dessus aujourd’hui. Je n'avais pas les épaules assez larges pour me suicider physiquement alors je me suis suicidé moralement. J'ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et méprisable. Je me vomissais. »
Au-delà de cette autoflagellation un peu narcissique, il a défendu tout son parcours : « Je savais que c’était une épée de Damoclès et que la révélation de ces dessins ferait une explosion totale ». Il a rappelé ses combats permanents contre l’antisémitisme, sa défense d’Israël. Par contre, il a minimisé ses contacts maintenus jusqu’en 2013 selon Le Monde, avec des personnalités très troubles, Paul-Eric Blanrue, et Marc-Edouard Nabe.
A ONPC, Moix a contrattaqué en imputant à l’extrême droite la révélation aujourd’hui de ses dessins de jeunesse.
Pour tenter de dissiper le mystère Moix qui ébranle la spécialité si française de l’autofiction, on peut lire la deuxième partie d’Orléans où il explique comment, enfant battu, il s’en est sorti grâce aux mots. Timide, rejeté par des filles qu’il aimait, il se réfugiait dans une érudition inouïe. Quand d’autres lisaient encore le Club des cinq, il avalait tout Gide, Sartre, Péguy, Ponge, il avait Ulysse dans sa poche à 14 ans, avalait le cours de physique du prix Nobel Feynman, tout en excellent au patinage.
N’exagère-t-il pas ? Il semble avoir conservé un insatiable besoin de reconnaissance et d’amour. Mais comme le scorpion de la fable qui ne peut s’empêcher de piquer la tortue qui le transporte sur le Nil, les noyant elle et lui, Moix ne peut résister à mordre avec les mots flamboyants qui l’enivrent tout en faisant son talent. En 2010 par exemple, il crachait sur la Suisse: « Tu ne sais rien faire, sauf pitié. Je te hais, Suisse. Je te demande de m’arrêter pour cracher sur ton sol immonde».
Dans Orléans, il explique qu’à 14 ans, « je n’ai de cesse qu’on reconnût en moi, le prodige que je m’étais promis de devenir. J’ampoulai mon style pour me dissimuler. »
Après ONPC, le mystère Moix demeure.