Martin Buxant: "LN24 ne suivra pas le modèle BFM"
Première chaîne d’infos en continu du pays, LN24 est lancée ce soir, à 20 heures.
Publié le 02-09-2019 à 06h49 - Mis à jour le 02-09-2019 à 07h14
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Première chaîne d’infos en continu du pays, LN24 est lancée ce soir, à 20 heures. Vendredi, 16 h 20. Alors que la majorité des Bruxellois pensent déjà à leur week-end, Martin Buxant a 15 000 choses à faire et à penser au point d’en perdre son français. "On est vraiment arrivés, the right… au bon moment [silence]. Je me mets à parler comme Van Damme, je suis fatigué. Honnêtement, je n’ai jamais autant travaillé." Normal, avec son équipe, le rédacteur en chef de LN24 (Les News 24), s’apprête à lancer la première chaîne d’info en continu de Belgique. Petit topo avant de couper le cordon.
Vous êtes dans quel état d’esprit ?
"Moi qui suis très stressé de nature, je suis assez confiant. On est prêt. Je pense que le produit de départ va être chouette, il sera perfectible car on ne peut pas arriver avec un truc 150 % bétonné d’emblée, ce n’est pas possible surtout avec une petite équipe."
Petite et très jeune…
"De super personnes nous ont rejoints et ont pris des risques. Ils avaient des chouettes postes avec des possibilités de monter. On a une responsabilité vis-à-vis d’eux. L’alchimie de la boîte, c’est la cohérence entre des journalistes très jeunes, nés avec des smartphones à la place des mains et qui ont donc les codes du digital, et notre expérience. Joan [Condijts, cofondateur et directeur de la rédaction, NdlR], moi et les chroniqueurs, on est là pour mettre du contenu dans la machine avec notre carnet d’adresses et notre expérience."
Vous filmez au smartphone. Pourquoi ?
"Même si on a quatre caméras, l’essentiel des productions sera fait au smartphone, comme sur BFM ou CNN. En 4K avec des stabilisateurs, la différence est invisible. Et puis, c’est un énorme avantage dans la narration. Les gens te parlent différemment que tu filmes avec un téléphone ou avec une grosse caméra."
Filmer, monter, penser au contenu… C’est compliqué de tout faire correctement.
"Un projet comme celui-ci n’aurait pas été possible il y a dix ans. Les bonds technologiques ont été si importants ces dernières années qu’ils nous permettent de sortir un truc à 50 quand ils sont 650 et 2 000 en face pour le faire. C’est David contre Goliath, ce ne sera pas la même chose, on n’est pas aussi ambitieux mais, proportionnellement aux moyens, on n’aura pas à rougir du projet."
Vous pensez que vous dérangez les autres chaînes de télé ?
"Pour déranger, ça dérange… Car on les voit évoluer dans les modes de production. Subitement, maintenant, tout le monde trouve ça cool de filmer au smartphone. Ça dérange forcément car il y a, aussi, un intérêt des annonceurs."
Pourquoi lancer une chaîne d’info en continu alors que tout va déjà très vite ?
"Le constat de base, c’est qu’il y en a partout. Le marché est petit mais les Suisses francophones en ont une et sont encore moins nombreux par exemple. En ce qui concerne l’immédiateté, on ne va pas suivre le modèle BFM qui donne la ‘surpriorité’ au direct. Chez nous, le journaliste qui sortira dans la rue aura quelque chose à raconter, il y aura une plus-value. Notre trésor, c’est notre temps de parole. On a énormément d’espaces d’expression. À partir de là, on veut faire de la pédagogie, de l’explicatif, du débat d’idées."
Quelles chaînes vous inspirent ?
"Plutôt le modèle LCI, CNN, en toute modestie, FranceInfo, Sky en Italie, BBC…"
Vous venez de la presse écrite. En quoi est-ce différent de diriger une télé ?
"Ça change du tout au tout. Joan aussi vient de la presse écrite et on sait qu’on a beau avoir les plus beaux studios, c’est l’info qui fera la différence. On ne veut pas être une télé de suiveurs. On va essayer d’avoir nos propres infos et si on reprend, on citera les autres."