Manipulations tous azimuts: "Propagande", ce documentaire qui analyse le mécanisme de l'art du mensonge dans l'Histoire
Publié le 10-09-2019 à 13h33
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Une bonne propagande exploite notre besoin de croire en quelque chose. Ainsi que notre attirance irrésistible pour une forme miraculeuse de pouvoir. De la sorte, nous ne serons plus des êtres épars et insignifiants dans l’univers, mais nous en deviendrons les maîtres ensemble", explique Adam Phillips.
Avec des spécialistes des médias, des historiens et des artistes, ce psychanalyste éclaire les grandes opérations de propagande qui jalonnent notre histoire, depuis l’art des cavernes jusqu’à celui du tweet.
Un adversaire et un héros
Pour créer une bonne propagande, trouvez un bon récit avec un adversaire et un héros. Utilisez certains symboles bien précis et dotez-les de pouvoir surnaturels. L’une des toutes premières remonte à Alexandre Le Grand qui, pour affirmer son autorité et étendre son pouvoir, fit édifier des statues à son effigie à une échelle géostratégique : Empire perse, Égypte... Tandis que la frappe de pièces de monnaie fera circuler son image.
Parmi les modèles classiques de propagande évoqués dans ce documentaire germano-canadien de Larry Weinstein, celui du IIIe Reich. La documentariste Leni Riefenstahl filma un congrès nazi, les JO de Berlin et glorifia la "race" aryenne. "Dans les années d’ascension d’Hitler, la plupart des Allemands allaient encore à la messe", reconnaît Monseigneur Timothy Verdon, chanoine de la cathédrale de Florence. "L’utilisation d’éléments qui touchent tous le sens, les éléments visuels, les bâtiments, les décors, l’odeur de l’encens, le groupe, la chorégraphie des processions, la musique… Tout ce décorum est présent dans les religions structurées et dans la structure quasi religieuse d’idéologie comme le nazisme […]. C’est très beau, très émouvant et très dangereux si c’est utilisé à mauvais escient. Quand en tant que prêtre chrétien je célèbre la messe avec une chorale, de l’encens, dans une belle église entourée de chefs-d’œuvre, je sais ce que je fais. Je sais quel impact sur les croyants ont les images, les odeurs, les sons, les mots que je prononce. Je ne le fais pas pour les manipuler, mais parce que je pense que cela nous rapproche du mystère d’un Dieu spirituel qui devient un être humain. Si nous nous trompons tous, c’est en tout cas une manipulation innocente !"
"Un tour de passe-passe délirant"
En 2017, Kathy Griffin, humoriste et animatrice de CNN, pose pour une photo. À bout de bras, elle tient un masque de Donald Trump badigeonné de rouge. La photo est reprise, les médias s’emballent, le président des États-Unis balance son tweet.
Pour l’artiste Tyler Shields, auteur de cette photo, il s’agit d’un "tour de passe-passe délirant" qui aurait été orchestré par la chaîne Fox et par Trump lui-même afin de détourner l’attention du monde entier après que le président des États-Unis a pris la décision de se retirer de l’accord de Paris sur le climat.
Conviction, séduction, manipulation ? Ce documentaire rappelle combien l’usage des images et la circulation des idées exigent, de chacun, un travail de discernement.