Le génie de Radiohead bien au-delà de "Creep"
Retour sur l’histoire d’un groupe emblématique. À voir sur La Trois, dès 21h10.
Publié le 13-09-2019 à 07h38 - Mis à jour le 13-09-2019 à 07h39
Retour sur l’histoire d’un groupe emblématique. À voir sur La Trois, dès 21h10.Parmi les groupes britanniques de rock qui ont marqué les années 90, on cite souvent Blur et Oasis, auxquels on peut certainement ajouter Radiohead. Les trois formations british ont leur tube. Le premier a "Song 2", le second "Wonderwall", le troisième est souvent écorché dans les karaokés grâce à "Creep".
Avec Le Monde selon Radiohead , le réalisateur Benjamin Clavel rappelle que l’univers des gars d’Oxford va bien au-delà de cette ode rock à l’autoflagellation pour antihéros de cour de récréation.
Si ce carton a fait passer le groupe dans une autre galaxie et sur MTV, Thom Yorke a fini pourtant par détester "Creep" au point de la biffer pendant longtemps des setlists de concerts.
La titre leur a, certes, permis d’être indépendant financièrement mais aussi d’être enfermé dans un registre. Un paradoxe expliqué dans My Iron Lung, référence au poumon d’acier, un appareil inventé pour des personnes atteintes de graves insuffisances respiratoires. "C’est un appareil qui maintient en vie. On ne peut pas le quitter mais on ne veut pas non plus y rester coincé", explique Tim Footman, auteur et journaliste musical interrogé dans ce documentaire.
Grâce à de nombreux spécialistes (biographe, philosophe, écrivains…) et de précieuses archives (interviews, extraits de concerts…), ce documentaire évoque de manière chronologique le renouvellement musical constant du groupe (même après le succès d’Ok Computer), sa philosophie et son engagement politique.
Orwell et Klein
Le livret de l’album Amnesia critique, ainsi, les années Blair et la trahison des idéaux de gauche que l’ancien Premier ministre britannique incarnait au départ.
La chanson 2 + 2 = 5 est une référence à la "doublepensée" de Georges Orwell dans 1984. Pas un hasard, non plus, si Thom Yorke exhorte le public à "prêter attention" aux manipulations. De quoi aussi rappeler l’influence de Noam Chomsky, auteur de La Fabrication du consentement, sur le groupe anglais.
L’activiste Naomi Klein (No Logo : la tyrannie des marques) a également inspiré au groupe son (prétendu) refus du marketing. Après avoir tourné dans un chapiteau avant Kid A (pour éviter les salles ou les stades), le groupe avait proposé aux fans d’acheter l’album In Rainbows à un prix libre. Résultat : 1,2 million de téléchargements en à peine quelques semaines.
Après avoir visionné ce doc, on met une pièce que les trentenaires ayant grandi avec le son du groupe dans les oreilles aient envie d’allumer leur lecteur CD pour se repasser leurs pépites. Oui, même "Creep".