Une jeunesse en roue libre ou en danger au Festival de la Fiction de La Rochelle
L’adolescence en fil rouge et une "Une Belle Histoire" en guise de belle découverte de cette 21e édition.
Publié le 16-09-2019 à 12h30
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L’adolescence en fil rouge et une "Une Belle Histoire" en guise de belle découverte de cette 21e édition. Naturel et sincérité des comédiens, destins qui se croisent, dialogues qui sonnent juste : Une Belle Histoire est une belle découverte. Librement inspirée de la série anglaise Cold Feet, la nouvelle création de Frédéric Krivine dépeint les tribulations de trois couples d’amis trentenaires, placés face à des choix cruciaux : deuil, naissance, divorce… Les créateurs du Village français, Frédéric Krivine et Emmanuel Daucé, y optent pour un ton empreint de légèreté et de bons mots, portés avec talent par les comédiens Sébastien Chassagne et Tiphaine Daviot, sacrée meilleur espoir féminin samedi soir à La Rochelle. Une promesse à confirmer et à creuser dans la suite du récit.
Dans la catégorie 26 minutes, Mental, qui suit l’évolution de quatre adolescents dans un service pédopsychiatrique, a été couronnée par le jury. Un choix audacieux puisque la série produite par France TV Slash se veut pédagogique : "il faut dire qu’il n’y a pas de mal à aller mal", souligne son producteur Nicolas Trabaud.
Avec des fictions comme Laetitia, Intime connexion, Pour Sarah (à voir dès mardi sur La Une RTBF), Mental et Stalk, un fil rouge autour de l’adolescence - en roue libre ou en danger - s’est dessiné au fil de la 21e édition du Festival de la Fiction de La Rochelle. On y a vu des fictions françaises davantage en prise avec la réalité ou avec les troubles et remous qui traversent notre société, suivant en cela une tendance très européenne. PMA (procréation médicalement assistée), dérives adolescentes (alcool, drogue, pornographie, réseaux sociaux), migrations, difficultés financières : même si certaines réalisations pèchent encore par manque de naturel ou d’originalité, ou peuvent parfois sembler édulcorées, les thématiques, elles, sont plus diversifiées qu’auparavant.
Arte mise sur l’humour décalé
Le fait de se frotter au réel n’empêche pas de le tordre ou de s’en moquer, Arte le prouve avec deux fictions résolument barrées. Temps de chien d’Édouard Deluc, où Philippe Rebbot interprète un capitaine de bateau-mouche à la dérive, a été sacré meilleur téléfilm tandis que le prix du meilleur scénario revient à Etgar Keret et Shira Geffen, créateurs de la série L’Agent immobilier portée par Mathieu Amalric (à voir dès jeudi sur Be tv).
Arte a encore été couronnée dans la catégorie Web avec sa série déjantée Lost in Traplanta, où s’illustre l’humoriste belge Kody Kim, prêt à tout pour reconquérir son grand amour. Une série (10 x 7 minutes) coproduite par la RTBF. Enfin, deuxième succès pour France TV Slash : le prix de la meilleure réalisation récompense Simon Bouisson pour la série Stalk, inscrite dans l’arène d’une école d’ingénieurs.
Des fictions en prise avec la réalité
Tonalité nettement plus sombre du côté des fictions unitaires telles que Connexion Intime, Itinéraire d’une maman braqueuse et Un homme abîmé dont les interprètes ont tous été récompensés à La Rochelle.
En détail : le prix de la meilleure interprétation féminine a été décerné ex aequo à Luna Carpiaux, pour Connexion Intime sur France 2, et Cécile Rebboah pour Itinéraire d’une maman braqueuse sur TF1. Quant à Yannick Choirat, il remporte le prix d’interprétation masculine pour son rôle de victime de viol dans Un homme abîmé (France 2 et TV5 Monde).
Au cœur de la sélection européenne, le jury a couronné la série espagnole Arde Madrid (meilleure fiction européenne), la finlandaise Invisible Heroes (prix spécial du jury, à découvrir prochainement sur le Séries Corner de la RTBF) et la suisse Helvetica (sacrée meilleure série francophone étrangère).
Belle moisson ou plutôt bonne pêche au Festival de la Rochelle qui a noté le retour des fictions en costumes, façon grandes sagas avec Le Bazar de la charité, présenté hors compétition par TF1, une nouvelle incursion dans la politique avec Les Sauvages de Canal+, série portée notamment par Roschdy Zem (cf. ci-dessous), et une influence indiscutable des faits divers avec La Part du soupçon, Un homme ordinaire ou Laetitia…
Cette édition 2019 a aussi permis d’interroger la place du genre dans les fictions françaises et a été traversée de belles annonces - faites par Arte, France TV et TV5 Monde - en attendant de voir plus clair dans la réforme de l’audiovisuel, promise par le nouveau ministre Franck Riester.