Victoire Tuaillon débarque à Mons pour mettre "les couilles sur la table" (et sur scène)
Victoire Tuaillon débarque à Mons pour mettre en scène son émission. Victoire Tuaillon, 30 ans, anime le podcast Les couilles sur la table depuis deux ans (à écouter sur Binge Audio). L’émission cartonne avec 500 000 écoutes mensuelles. Dans chaque épisode, cet ex-membre des rédactions du JT de France 2 et de La Grande Librairie, analyse les masculinités en interviewant un ou une experte, généralement universitaire. La Française est ce soir à Mons dans le cadre du festival Pour qui tu me prends pour un spectacle gratuit de 50 minutes : On ne naît pas homme, on le devient. Entretien.
Publié le 23-09-2019 à 08h21 - Mis à jour le 23-09-2019 à 09h29
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Victoire Tuaillon débarque à Mons pour mettre en scène son émission.Victoire Tuaillon, 30 ans, anime le podcast Les couilles sur la table depuis deux ans (à écouter sur Binge Audio). L’émission cartonne avec 500 000 écoutes mensuelles. Dans chaque épisode, cet ex-membre des rédactions du JT de France 2 et de La Grande Librairie, analyse les masculinités en interviewant un ou une experte, généralement universitaire. La Française est ce soir à Mons dans le cadre du festival Pour qui tu me prends pour un spectacle gratuit de 50 minutes : On ne naît pas homme, on le devient. Entretien.
Comment est née l’idée de ce podcast autour des masculinités ?
D’un constat : On ne parlait pas des hommes mais, en fait, on ne parlait que d’eux, comme si c’était des sujets universels et qu’ils pouvaient représenter l’ensemble de l’humanité. J’avais envie qu’on les replace dans leur particularité. C’est quelque chose qui manquait dans le paysage médiatique alors qu’il y avait de nombreuses études universitaires très intéressantes sur le sujet, pas du tout relayées dans les médias. Je pensais que ça pouvait intéresser plein de gens.
Il n’était pas possible de traiter ces sujets dans vos précédentes rédactions ?
Ce n’était pas des refus, c’était un point de vue qui ne les intéressait pas du tout. Le genre n’est pas un sujet à part, c’est une façon de regarder l’actualité, le monde. Dans les rédactions où j’ai travaillé, ce prisme n’était jamais adopté. Or à mon avis tous les sujets gagneraient, pour être correctement traités, à être examinés en tenant compte du genre, mais aussi de la classe et de ce que l’on appelle en sociologie, la race.
Le but, c’est donc de déconstruire toutes les normes culturelles avec ces lunettes justement ?
Déconstruire, d’abord, des stéréotypes de genre. Les nommer, les identifier pour être capable de s’en détacher si on en a envie. C’est quoi le rapport entre l’alcool et la masculinité ? Le fait de tenir l’alcool, de boire énormément, quel rôle ça joue dans la construction de la masculinité ? Plus largement, c’est faire apparaître des structures invisibles comme le fait de montrer comment les villes sont construites pour les hommes par des hommes, pareil pour l’art. On vit dans un monde androcentré comme si le masculin était le neutre et l’universel.
Les sujets sont-ils inépuisables ?
Ça laisse apparaître plein de sujets sous un jour nouveau. J’ai beaucoup de choses à raconter sur l’écologie et le genre. Pourquoi il y a plus de végétariennes que de végétariens ? Il y a des rapports qui expliquent que les gestes plus écologiques sont aussi codés comme féminins. Ça permet de penser autrement le fait que plein d’hommes répugnent au fait d’être végétariens, sont fiers de manger beaucoup de viande et d’avoir une grosse voiture.
La lecture de Virginie Despentes et de "King Kong Théorie" a eu un grand effet sur vous.
Toute la littérature des femmes, en fait, m’a donné une sensibilité féministe, tout comme mon éducation, les exemples de femmes autour de moi. C’est vrai que le grand choc féministe arrive quand j’ai 16 ans et que je lis King Kong Théorie. Personne ne sort indemne de cette lecture.
Vous recevez beaucoup de messages d’hommes ?
Je reçois des messages très bienveillants et souvent des remerciements. C’est toujours plaisant. Beaucoup de longues lettres relèvent des points soulevés pendant l’émission en disant : "Moi je suis pas d’accord avec ça." C’est un grand débat dans ma boîte e-mail.
En quoi va consister cette venue à Mons ?
Je vais être sur scène avec Quentin Bresson, ingénieur du son et réalisateur de l’émission. C’est le premier auditeur de l’émission. Je suis avec un micro, j’ai un texte, j’explique ce que l’on fait dans l’émission, il y a des pastilles sonores et des images. C’est un format un peu nouveau. On l’a testé au Festival Longueur d’Ondes à Brest en février et les gens ont vraiment beaucoup aimé. Je parle de mon travail, je raconte des expériences personnelles. C’est entre le spectacle et la conférence.
Le podcast s’appelle "Les couilles sur la table", vous avez fait partie du collectif "Les journalopes"…
Ça fait beaucoup de vulgarité pour une seule personne (rires). Quand j’ai imaginé des titres pour l’émission, c’est celui-là qui est venu en premier, c’était un peu sous forme de blague mais c’est resté comme ça et me paraît résumer parfaitement le sujet de l’émission. C’est révéler un impensé. Quand on dit "mettre les couilles sur la table", on pense rarement à ce que ça sous-entend en matière de genre et de virilité. Que ça veut dire que l’on associe le courage et l’audace à quelque chose qui ne peut être que masculin et viril. La métaphore est très claire. On prend la masculinité et la virilité et on les examine sur une table.
Théâtre Le Manège à Mons (19 h) - Gratuit, sur réservation : +32 (0) 65 33 55 80 ou https://surmars.be.