Comment Bezos et Amazon "dominent" le monde
Publié le 03-10-2019 à 11h02 - Mis à jour le 03-10-2019 à 11h03
:focal(1275x856.5:1285x846.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6YKXMKWBEFFJPBBORDIP7DRZ5Q.jpg)
L’émission "Doc Shot" propose une enquête sur l’empire Amazon. La Une, 22h20. "J’ai appris que le web progressait de 2300 % par an. Alors, j’ai cherché une idée qui permettrait de tirer profit de cette croissance", témoigne simplement Jeff Bezos dans des images d’archives diffusées dans le documentaire Le Monde selon Amazon .
Dire que le boss d’Amazon a réussi son pari est un euphémisme tant les chiffres de son empire donnent le tournis. 158 colis livrés par seconde dans le monde, 5 milliards chaque année, 300 millions de clients et 178 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017. Pas mal pour une entreprise de vente de livres lancée en 1994 dans un garage de Seattle avec, à la base, seulement trois employés.
En interrogeant des universitaires, des journalistes, des analystes financiers ou encore l’ex-commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, le documentaire éclairant d’Adrien Pinon et de Thomas Lafarge décrypte le génie visionnaire, la maîtrise des marchés financiers et la pugnacité de Bezos ainsi que son appétit jamais assouvi.
Une horloge censée durer 10 000 ans
Les tentacules d’Amazon s’enroulent, désormais, aux quatre coins du globe et dans moult industries. Livres, magasins de jouets, épiceries, supermarchés bio, vêtements, produits de beauté, assurances, produits pharmaceutiques, médias (Washington Post) sans oublier le "cloud" (Amazon Web Services). Les réalisateurs nous emmènent en Virginie traquer les serveurs du groupe. Le mastodonte se bat, aussi, avec Microsoft pour obtenir le droit de stocker les données du ministère américain de la Défense et empocher un contrat de 10 milliards de dollars.
Parmi les projets un peu fous, il y a cette horloge monumentale censée fonctionner pendant 10 000 ans et pour laquelle il a dépensé 42 millions de dollars . Un chantier lancé, notamment, avec Stewart Brand, auteur d’une bible de la contre-culture : le Whole Earth Catalog.
Jeff Bezos est, pourtant, davantage un libertarien qu’un hippie idéaliste. Le documentaire rappelle comment Amazon a éludé l’impôt via des montages fiscaux. Le CEO manquerait surtout d’empathie, dixit Paul Davis, son premier programmeur qui a préféré quitter le navire. "La boîte se fiche de ses employés, j’avais l’impression que Jeff Bezos s’en fichait."
Comme dans d’autres enquêtes, plusieurs employés témoignent de leurs conditions de travail difficiles, de la répétition des tâches, du contrôle millimétré de chaque geste par des machines. Selon une chercheuse interrogée dans le documentaire, "pour chaque emploi créé par Amazon, deux sont détruits dans une entreprise existante".