L’économie, nouvelle religion contemporaine

Sur le même principe, Gérard Mordillat s’associe à l’économiste Bertrand Rothé pour cerner la chose économique, ce soir. "L’économie est notre nouvelle religion contemporaine. Elle a ses prêtres, ses dogmes, ses églises, ses schismes", affirme Bertrand Rothé, agrégé et coauteur avec Gérard Mordillat d’un ouvrage paru en 2011, au Seuil : Il n’y a pas d’alternative. Trente ans de propagande économique.

L’économie à la portée de tous

Selon une progression et une perspective historique, Travail, salaire, profit explique avec clarté et pédagogie les principes fondamentaux de notre économie. Cette série documentaire en six épisodes - quatre à l’antenne ce soir et deux sur arte.tv - s’appuie sur les analyses et réflexions de vingt et un chercheurs venus d’Europe, d’Afrique, des États-Unis, d’Asie. Économistes, historiens de l’économie, anthropologues, historiens, sociologues, philosophes et juriste interrogent des textes incontournables.

Le premier volet, à 20 h 50, porte sur le travail. "Jusqu’à l’avènement de l’âge industriel, tous ceux qui mettaient en œuvre un savoir, une compétence […], on ne disait pas d’eux qu’ils travaillaient, mais qu’ils œuvraient. Nous avons encore dans le mot français ouvrier […] celui qui œuvre, explique Alain Supiot, juriste. Autour des années 1980, on a changé les mots et la représentation qu’on pouvait avoir du monde du travail. Par exemple, les ouvriers ont disparu, ils sont devenus des opérateurs, remarque Danièle Linhart, sociologue. On ne parlait plus de collectif, mais d’aire, de zone. Et maintenant sont arrivés tous ces mots anglais qui ont brutalement transformé la perception qu’on pouvait avoir de la réalité du monde du travail."

Le droit du travail est l’une des notions clés de cette entrée en matière. "Vous ne pouvez pas faire tout ce que vous voulez avec votre employé. Avec votre esclave, vous aviez un droit sur sa vie, rappelle Fritz Helmedag. Au Moyen Âge, les seigneurs féodaux avaient des serfs qu’ils pouvaient punir physiquement, voire les tuer. Donc, il y a une différence fondamentale entre le travail salarié moderne et le servage ou l’esclavage antique. Dans une société éclairée comme la nôtre, il est nécessaire de veiller au respect de nos droits et simultanément récuser l’argument que la concurrence mondiale en nécessiterait une réduction. C’est inacceptable." Parole d’économiste.