Un come-back inattendu pour "FC De Kampioenen": comment expliquer le succès de cette série ultra populaire en Flandre?
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Publié le 23-10-2019 à 11h54
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Quand la célèbre série télévisée passe sur la chaîne flamande, c’est la Flandre qui se regarde. Mais pourquoi ? Pour les fans, la nouvelle tombée lundi est un cadeau aussi beau qu’inattendu : le retour de FC De Kampioenen sur la Eén. D’emblée, la direction de la VRT a tenu à clarifier les choses : "Ce n’est ni une plaisanterie ni un malentendu." La chaîne publique prévoit de réaliser huit nouveaux épisodes de cette série mégapopulaire. Les scénarios sont en cours de rédaction, le tournage devrait avoir lieu en 2020 (l’année où la série fêtera son trentième anniversaire) et la diffusion est prévue pour début 2021.
La VRT avait mis un point final à la série en 2011, clôturant ainsi en beauté vingt et une années de succès. De nombreux fans s’étaient sentis orphelins de leur série fétiche. Mais voilà, les nouveaux scénarios n’étaient pas vraiment ce que les acteurs de l’époque en attendaient.
Les statistiques de FC De Kampioenen donnent le vertige : 273 épisodes échelonnés sur vingt et un ans, quatre longs-métrages en dix ans, plusieurs bandes dessinées et la collection entière de la série en DVD ont contribué à pérenniser la notoriété de la série.
Peu connue en Belgique francophone, FC De Kampioenen met en scène les mésaventures d’une mauvaise équipe de foot. La série tire sa force de ses nombreux stéréotypes qui ont fait pouffer de rire la Flandre entière. Programmée le samedi soir, elle mobilisait jusqu’à 2 millions de téléspectateurs par épisode. Jeunes et moins jeunes ; la clé du succès est intergénérationnelle.
Mais comment expliquer un tel succès comparable à celui de la célèbre série De Collega’s qui marqua la Flandre des années quatre-vingt ? Les Flamands adorent voir ces acteurs qui leur ressemblent plus ou moins : Fredje, Pico, Doortje, Willeke, Minou, Kaat, Luitenant De Decker, Dimitri, Carry… L’humour de potache (et de situation) séduit. Il y a les malentendus tour à tour comiques, touchants, le décor familier, la cantine de foot après le match, des dialogues truffés de connotations sexuelles. Le tout servi par la tussentaal, cette langue qui se situe quelque part entre le patois et le néerlandais standard et qui achève de donner à la série son côté populaire. FC Kampioenen a fait plier la Flandre en quatre de rire. Cocasse et décoiffante, la série se "déguste" en famille comme "le meilleur moment de la semaine".
Petites mythologies flamandes
La série correspond-elle à l’ère du temps ? Dans leur ouvrage Petites mythologies flamandes (éd. La Lettre volée, 2019), les auteurs Jan Baetens et Karel Vanhaesebrouck lèvent un coin du voile en expliquant ce besoin vital de nombreux Flamands de "construire leurs propres mythes, de les nourrir et de les semer aux quatre vents. Et de le faire avec un regard plein de bienveillance mais néanmoins critique, parfois agacé, mais parfois aussi franchement admiratif". C’est sans doute dans cette veine que s’inscrit la série télévisée.
Comme l’écrit Claude Javeau dans son avant-dire du même ouvrage, on a l’impression de voir des "Flamands scrutant des Flamands à la recherche de leurs mythes ordinaires. Une anthropologie du quotidien se dessine ainsi […]". FC De Kampioenen porte un regard démystificateur sur la vie quotidienne. L’humour mais aussi l’autodérision ne font-ils pas partie de l’identité vécue des Flamands ?