Cash Investigation explore le système occulte autour du trafic de cannabis
Par quels circuits l’argent du cannabis passe-t-il ? En France, comment un chiffre d’affaires estimé à 1 milliard d’euros, au bas mot, est-il blanchi avant d’être réinvesti dans l’économie réelle, dans des entreprises, dans de petits commerces ?
Publié le 29-10-2019 à 13h55 - Mis à jour le 29-10-2019 à 13h56
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Par quels circuits l’argent du cannabis passe-t-il ? En France, comment un chiffre d’affaires estimé à 1 milliard d’euros, au bas mot, est-il blanchi avant d’être réinvesti dans l’économie réelle, dans des entreprises, dans de petits commerces ?
Nicolas Vescovacci, qui a travaillé sur l’affaire du Crédit mutuel et sur l’affaire Kadhafi, mène l’enquête dans Cannabis, la multinationale du blanchiment . De la vente du pétard en pleine rue jusqu’aux bureaux feutrés d’Ernst Young, l’un des plus importants cabinets d’audit financier au monde, le journaliste montre de quelle manière l’économie parallèle s’infiltre dans l’économie réelle. De Paris à Dubaï, en passant par le Maroc et la Belgique, il débusque les intermédiaires clés. À Anvers, il rencontre un vendeur d’or qui transforme le cash en lingot, première étape du blanchiment.
Le système "sarrâf"
Une fois que le trafiquant s’est fait payer sa marchandise, les sacs d’argent sont collectés pour lui. Ce réseau de collecteurs va lui-même passer l’argent à un autre réseau de collecteurs, les sarrâf. "Le système des sarrâf remonte au Moyen Âge. À l’époque de la route de la soie, quand vous alliez acheter des biens en Chine, vous n’alliez pas transporter des milliers de pièces d’or pour payer vos tapis, vos pierres…. Vous étiez déjà allé en Chine, vous aviez tissé un réseau d’amitiés et de compétences. C’est comme ça que le système s’est créé : un échange d’argent sans que l’argent physiquement ne bouge et qui permet de réaliser toutes sortes d’achats", nous explique Nicolas Vescovacci.
Les sarrâf sont donc chargés de rendre disponible de l’argent partout dans le monde. Ces banquiers occultes jouent un rôle essentiel dans le système de blanchiment de l’argent issu du trafic de drogue. Au passage, ils prennent une commission de 1 à 1,5 % de la somme reçue. Ce système de compensation évite tout passage par le réseau bancaire traditionnel. Sans aucun transfert physique d’argent, il permet des échanges d’argent entre deux pays en dehors de tout contrôle ou de toute taxation.
"Tout marche à la confiance. Ça se passe entre gentlemen, par réseau, par connaissance. On donne de l’argent liquide et on récupère de l’argent liquide. Sans cette confiance, sans cette complicité-là, ce système est impossible. Nous nous sommes rendus en Belgique, mais nous aurions tout aussi bien pu nous rendre en Allemagne, nous confie Nicolas Vescovacci. Vous pouvez y aller avec 10 000 euros en poche et acheter de l’or dans n’importe quelle boutique allemande sans sortir la moindre carte d’identité. Dans ce milieu, il n’y a pas de distinction de religion, de culture, de nationalité, de genre. Tout le monde se côtoie. Ce qui compte, c’est le pognon."
A 23h, sur France 2.