Faudra-t-il vendre son âme pour obtenir de l'eau, juste pour survivre?
- Publié le 17-12-2019 à 09h57
- Mis à jour le 17-12-2019 à 09h58
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La ressource la plus convoitée de la planète. Enquête vitale. Arte, 20h50.
Faudra-t-il vendre son âme pour obtenir de l’eau, juste pour survivre ? Ce scénario catastrophe est déjà écrit par des hommes qui rêvent de transformer les rivières en or. Mais l’or ne se boit pas…
Depuis la crise des subprimes, les géants de la finance tels que Goldman Sachs cherchent de nouveaux territoires à investir pour spéculer. Goldman Sachs, Jérôme Fritel connaît bien. Ce grand reporter et auteur de plusieurs documentaires d’investigation primés mène, cette fois encore, une enquête d’envergure et d’utilité publique.
Bourse d’achat et de vente d’eau
En Australie, le continent le plus chaud de la planète, l’eau douce est devenue un produit financier comme un autre. Et la sécheresse est synonyme de bonnes affaires. Les éleveurs sont obligés d’acheter de l’eau pour maintenir l’élevage en vie. L’eau est à leurs pieds, ils peuvent la toucher, mais pas l’utiliser. Cette eau s’achète désormais et se vend d’un seul clic grâce à un téléphone portable et à une application connectée au marché qui fonctionne 24 heures sur 24. Son prix varie chaque jour en fonction de l’offre et de la demande. Une fois la transaction enregistrée, alors les vannes des canaux d’irrigation s’ouvrent. En septembre dernier, le prix de l’eau a explosé en raison de la sécheresse, passant de 50 à 500 € le million de litres, en moyenne.
L’idée de vendre l’eau sur les marchés a été théorisée par Mike Young, économiste australien, qui a fait ses classes à Harvard et conseille les Nations unies. Il a transformé le dérèglement climatique en une variable du marché. Le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis sont actuellement favorables à cette transformation de l’eau en une marchandise et un investissement financier. Étrangement, ces théories séduisent certains défenseurs de l’environnement. Des ONG achètent de l’eau "pour la restituer à la nature". Ce marché écologique représente un quart des transactions sur les marchés de l’eau.
Selon les Nations unies, la demande en eau va augmenter de 50 % d’ici à 2030, en raison de l’augmentation de la population, de l’évolution des modes de consommation alimentaire et des besoins accrus en énergie. L’eau devient plus rentable que la terre, que certaines récoltes et même que le pétrole. Elle peut être utilisée ou revendue, et, demain, pourrait être stockée dans des banques.
Maude Barlow, militante canadienne, nous prévient : "Il y a deux options, et je ne sais pas laquelle va l’emporter. Soit l’eau est une marchandise et elle sera mise en vente sur les marchés. Soit l’eau est considérée comme un droit humain. Vous ne pouvez pas concilier les deux." À nous de choisir et de nous souvenir : trois jours sans boire une seule goutte d’eau et l’homme meurt.