L’histoire de Notre-Dame-de-Paris racontée dans un film fascinant: "Un beau projet avec 3,5 millions d’euros de budget"
Publié le 18-12-2019 à 07h48
:focal(2495x1860.5:2505x1850.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SFS3IF6URBAXZESOBGFT2GCNQA.jpg)
Le réalisateur Emmanuel Blanchard a réalisé un travail titanesque.
Au fil de trois ans et demi de travail, le réalisateur Emmanuel Blanchard a mélangé diverses techniques pour raconter, dans Notre-Dame de Paris, l’épreuve des siècles , l’histoire de la cathédrale. Cet élégant docu-fiction d’animation démarre au début du chantier, lancé par l’évêque de Paris, Maurice de Sully, en 1163.
Comment est né ce récit dans lequel Notre-Dame se raconte à la première personne ?
Il y a quatre ans, les producteurs Fabrice Coat et Michel Spavone (Program33) ont eu envie, avec France 2, de réaliser un docu-fiction en dessin animé sur Notre-Dame. Ils en avaient déjà fait un, Le Dernier Gaulois, et m’ont demandé d’y réfléchir. Je leur ai proposé de raconter la grande histoire de Notre-Dame, du Moyen-Âge au bâtisseur Viollet-le-Duc. Nous avons ajouté ensuite le récent incendie.
Vous mixez, avec l’animation, des images de vraies mains au travail ?
C’est un beau projet avec 3,5 millions d’euros de budget. Ce qui, pour un dessin animé, est en réalité très peu. En comparaison, Kirikou, fabriqué en 2D avec des aplats, a nécessité environ cinq fois notre budget. Nous avons pris le parti de le faire en 3D en motion capture, et comme notre budget ne permettait pas de fabriquer plus d’une heure de dessin animé, je me suis dit que pour chaque prise d’images, on allait choisir à chaque fois ce qui est le plus fort. Quand il s’agit de faire un plan large dans le chantier médiéval et de faire exister les personnages, on est en animation. Mais on a tourné ce qui a trait aux gestes techniques avec de vrais artisans. N’importe quel film en animation aurait été décevant : le grain de la pierre, le ciseau contre le bois, c’est tellement plus beau en vrai.
Il y a aussi des animations en 3D sur la construction ?
Nous avons ajouté des animations techniques. Le studio parisien Motionorama a modélisé la cathédrale pour qu’on puisse suivre la construction étape par étape. Nous avons utilisé tous les moyens de la fiction au service du documentaire. Je ne me sers des personnages que pour montrer quels types de problèmes ils avaient, quelles innovations ils ont apportées sur le chantier, ce après quoi ils couraient comme la quête de la lumière.
Quel travail a été effectué à Bruxelles ?
La post-production a duré des mois à Bruxelles, pour reconstituer toutes ces ambiances de chantier médiéval. C’est un énorme boulot de bruitage et de stylisation. Si on fait un bruitage nickel, cela ne marche pas sur du dessin animé, parce que le son fait trop réaliste. Ils ont dû fabriquer les vrais bruits, puis les retravailler pour que cela s’intègre bien. Le studio Chocolat-Noisette a aussi enregistré les voix et assuré la post-production son.
Sophie Marceau incarne la voix de Notre-Dame. Mais vous avez aussi fait appel à d’autres comédiens.
Féodor Atkine incarne, par exemple, l’évêque de Paris Maurice de Sully. J’ai dirigé des comédiens professionnels pour le tournage en motion capture au studio Solidanim à Angoulême. Ils étaient vêtus de costumes moulants avec des capteurs, pour enregistrer leurs mouvements de corps et de visage, et on les a intégrés dans un univers 3D. Nous avons tourné avec des comédiens, pour la plupart belges, pour la post-synchro. Et c’est un autre studio parisien, Circus, qui a fait l’énorme boulot de rendu : textures, matières, lumière. La modélisation et la texture sont stylisées, les visages sont peints, ce qui correspondait à notre budget. On ne cherche pas le photoréalisme, comme dans Le Seigneur des anneaux ou La Planète des singes. On avait envie d’être rigoureux sur les décors, les outils, les bâtiments, et non dans l’interprétation.
Quelles ont été vos sources ?
Je suis historien de formation. Je me suis nourri de lectures et entouré du spécialiste de Notre-Dame Dany Sandron, d’un historien du bâti, Olivier de Châlus, d’un spécialiste des métiers, François Icher, et d’un spécialiste du XIXème siècle, Yann Potin.
Avez-vous d’autres projets ?
Je prépare un film d’archives, L’Invention de la plage, diffusé avant l’été prochain sur France 3. Les premières stations balnéaires remontent au XIXe siècle sur les plages du Nord. À Dieppe en France, un peu en Angleterre, ou à Ostende en Belgique.