François Pirette: "Je ne ferai plus ce métier très longtemps"

Fier de faire partie des audiences historiques en télévision belge, Thierry Van Cauberg - de son vrai nom - n’a "jamais ressenti le besoin d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Je suis conscient de faire partie des exceptions qui gagnent leur vie grâce à ce métier. Les jeunes d’aujourd’hui vivent une autre réalité avec une télé en pleine mutation." Et ce n’est pas RTL-TVi qui dira le contraire. La chaîne privée accepte non seulement de diffuser son spectacle de trois heures (dont une heure de stand-up, une première !) sur deux soirées - ces dimanche et lundi - mais lui offre aussi un tout autre concept télé pour la rentrée de janvier. "Cela n’aura rien à voir avec ce que vous avez déjà vu", souligne celui qui vient de finir les tournages d’un programme pour lequel il avait fait passer un casting géant. "Avant, je faisais du music-hall filmé, maintenant je vais vraiment faire de la télé !"

Mais avant ça, place à Borain des bois. Un hommage à son Borinage natal ? "Non, c’est juste pour la gratuité du jeu de mots !", rigole l’humoriste de 56 ans qui se moque ici des riches pour faire rire les pauvres. "Le contenu reste universel au sens francophone belge de la chose. Mes personnages habituels seront là mais avec un ado supplémentaire. Qui, du coup, devient un vrai rôle de composition. Ce qui est de moins en moins le cas pour Amédée qui me demande de moins en moins d’efforts (rire) . J’ai toujours dit que j’arrêterai le jour où on me dira : vous faites moins jeune qu’Amédée ! Je ne me sens pas vieillir mais… je dois l’admettre. Je joue donc un ado altermondialiste qui va s’asseoir le jeudi pour le climat à Bruxelles avec Greta Thunberg."

"Je n’ai jamais eu envie de faire rire"

"Je dis chaque fois à mon équipe que ce sera le dernier spectacle mais je reviens encore, sourit François Pirette. "Je suis trop jeune pour la retraite ! Non mais je ne vais surtout pas donner du grain à moudre à ceux qui me méprisent gentiment sur une certaine place à Bruxelles en disant que je suis ringard… Je souhaite à beaucoup d’être ringard pendant 37 ans ! Moi, je n’ai jamais trahi mes références, je sais où je me suis nourri et je n’ai pas à rougir de ça."

Une chose est toutefois certaine dans le chef de l’humoriste préféré des Belges. "Je ne ferai plus ça très longtemps… Lorsque le doute l’aura emporté sur le reste, je vais devoir arrêter. Avec ce spectacle-ci, je me demandais encore si j’allais faire rire ou si j’étais encore capable ne fût-ce que de les amuser ? La prochaine fois, peut-être que je n’aurai plus la confiance en ce que j’écris." Et celui qui a été auteur pour d’autres (GuiHome, Jimmy Labeeu, etc.) refuse, quant à lui, d’avoir des auteurs. "Parce que je n’ai jamais eu envie de faire rire finalement… Ce qui m’anime n’est pas d’aller faire rire à tout prix. Mais si je ne vais pas raconter mes propres histoires, cela n’a pas de sens pour moi. Je ne me sentirais ni l’envie, ni la légitimité d’aller faire ça. J’essayerais plutôt de faire un autre exercice comme celui proposé par RTL." Ou de faire du cinéma ? "Je n’ai pas le talent, ni la rigueur, ni la patience pour ça", conclut-il. "Je suis trop dans l’immédiateté. Je m’y mets la veille. Puis, on n’est jamais venu me chercher et je ne pense pas qu’on viendrait me chercher un jour. En même temps, c’est normal, il n’y a pas vraiment de cinéma de comédie en Belgique. Les frères Dardenne ne vont jamais prendre le risque de me proposer un emploi. On m’a parfois dit qu’on me verrait bien dans un rôle à contre-emploi… J’ai la faiblesse de croire que je serais plutôt enfin dans mon emploi (sourire) !"