"Avec les sitcoms d’AB, Azoulay a planté les graines de la téléréalité"
Olivier Monssens interroge la génération AB Productions. TMC, 21 h 15. Doc Olivier Monssens interroge la génération AB Productions. TMC, 21 h 15. L’auteur et réalisateur belge Olivier Monssens revisite, dans son documentaire Hélène et les garçons : génération AB Productions , l’aventure du Club Dorothée et des sitcoms jeunesse qui fédéraient chaque soir près de six millions de téléspectateurs sur TF1. Alors que Nicolas, Hélène, Johanna et "Cricri d’amour" séduisent toujours sur TMC dans Les Mystères de l’amour, lancé en 2011 par Patrick Puydebat (Nicolas).
Publié le 22-01-2020 à 07h09 - Mis à jour le 19-02-2020 à 12h50
Olivier Monssens interroge la génération AB Productions. La Deux, 20 h 30.
L’auteur et réalisateur belge Olivier Monssens revisite, dans son documentaire Hélène et les garçons : génération AB Productions , l’aventure du Club Dorothée et des sitcoms jeunesse qui fédéraient chaque soir près de six millions de téléspectateurs sur TF1. Alors que Nicolas, Hélène, Johanna et "Cricri d’amour" séduisent toujours sur TMC dans Les Mystères de l’amour, lancé en 2011 par Patrick Puydebat (Nicolas).
Olivier Monssens, ce sujet rejoint-il votre intérêt pour la pop culture ?
Mes documentaires tournent souvent autour de la pop culture. Les deux derniers films que j’ai réalisés pour Arte parlaient du disco : Disco Europe Express - les alchimistes européens du disco et Hi Energy, le disco survolté des années 80, sur les gays de San Francisco et de Londres qui font revivre la dance music. J’essaie toujours d’aller dans les coulisses de phénomènes populaires. Ce film part d’une discussion que j’ai eue avec des amis quadragénaires, qui ont vécu au premier degré, en tant qu’enfants et jeunes adolescents, Le Club Dorothée et ces sitcoms, et sont devenus philosophes, magistrats ou romanciers… S’ils ont un temps rejeté ces sitcoms, aujourd’hui, ils l’assument totalement, sans être dupes quant à leur qualité, à leur déconnexion de la réalité. Toutes les personnes que j’ai rencontrées, dont les comédiens, ont dépassé le stade de l’amertume. Et c’est formidable qu’ils soient toujours là après 30 ans.
Vous proposez aussi en creux une analyse de cette époque où l’on pouvait encore réaliser des scores de 40, 50 % de part de marché.
J’avais envie de raconter l’épopée Azoulay-Berda en revenant à leurs débuts, aux spectacles, aux disques de Dorothée, puis aux premières capsules télé, avant la privatisation de TF1. Dans le service public, ces deux personnages étaient rafraîchissants dans une époque où la télévision était encore très hiérarchisée, procédurière. Malgré la chute, Jean-Luc Azoulay (JLA) est toujours là avec sa troupe. Ils sont dans la même galère depuis 30 ans, et finalement, elle vogue plutôt bien.
Y a-t-il des révélations, au-delà de la romance d’Hélène Rollès avec Patrick Puydebat ?
Il y a une autre aventure entre Sébastien Roch et Mallaury Nataf (rires), mais oui, ils m’ont livré beaucoup d’anecdotes autant sur la fabrication que sur leur vie. Et l’on se rend compte que si JLA est la figure paternelle, le deuxième carburant, c’est Patrick Puydebat, qui a imaginé une suite. Azoulay n’y croyait pas. Sous le soleil l’a tenté et ça n’a pas marché. Les Mystères de l’amour rassemble toujours en access entre 600 000 et 800 000 téléspectateurs sur TMC.
Une aventure comme celle-là pourrait-elle encore exister aujourd’hui ?
Cela ne pourrait plus se passer comme ça, parce qu’il n’y avait à l’époque que cinq chaînes, puis six. Parce qu’ils étaient sur la chaîne la plus puissante et qu’ils ont eu cette opportunité incroyable de s’accaparer quasi 30 % de la production de TF1. Elle venait d’être privatisée et personne n’y connaissait rien en jeunesse. Une autoroute pour Azoulay et Berda ! Ils avaient aussi avec eux Dorothée, très populaire. Et Berda était un redoutable financier, il prenait des risques. Avant que TF1 ne coupe le robinet et que tout ne s’effondre quelques mois plus tard.
Il y a un parallèle avec la téléréalité…
Ce qui est marrant, c’est que la maison d’Azoulay sur le toit des studios à la Plaine-St-Denis a servi à Secret Story. Quelque part, JLA a planté les graines de la téléréalité. Les comédiens des sitcoms devenaient des personnages que le public mélangeait avec la réalité.
Quels sont vos projets ?
J’ai d’autres projets pour France Télévisions et Arte. Au départ, c’est d’ailleurs pour cette dernière que je comptais faire mon documentaire, mais ils ont fait un remake d’Hélène et les garçons pour les Allemands qui n’a pas du tout marché. Finalement, on a fait le documentaire pour TMC et j’ai dû m’adapter aux codes de la chaîne, sur le commentaire. Cependant, je l’ai réalisé en toute liberté. Tout en poursuivant, tous les samedis midi sur Classic 21 Radio Caroline, sorte d’ Affaires sensibles de la contre-culture, ma petite récré, je prépare un docu-spectacle dédié à Marc Moulin pour le théâtre de la Toison d’Or, pour le mois de mai.