La relation médecin-patient auscultée
Publié le 24-02-2020 à 16h48
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Quatre médecins livrent leurs états d’âme sur France 3, à 23 h 15.
Il est rare que la relation soignant-patient soit auscultée du point de vue du médecin. Excellente initiative que celle de Gil Rabier dans son documentaire Humaniser l’hôpital . Il a décidé de suivre quatre médecins, des oncologues, un gastro-entérologue, une gynécologue, tous attachés à une unité d’oncologie dans un hôpital public à proximité de Paris.
Une relation de confiance
Confrontés chaque jour à des patients touchés par le cancer, ces soignants ont un double défi à relever : apporter leur expertise médicale et proposer le traitement le plus adapté au patient. Et par ailleurs, mission tout aussi essentielle, développer une relation de confiance avec lui.
C’est cet aspect que Benjamin Rabier a choisi d’explorer avec les médecins. En observant, en situation, cette relation à l’œuvre, et en recueillant dans un second temps les impressions, les ressentis, les réflexions de ces praticiens soucieux "d’humaniser" la relation de soin, de "comprendre les besoins du patient et d’aller dans son sens", pour reprendre les mots de l’un. Ou de "communiquer les choses avec des mots simples", assure un autre. "Derrière la mauvaise nouvelle, il faut proposer quelque chose", résume encore un troisième.
Un moment sacré
En un mot, il s’agit pour le soignant de faire en sorte que son patient ressorte de son cabinet en se sentant mieux que lorsqu’il y est entré. Pas simple lorsqu’on a de mauvais résultats de santé ou des nouvelles peu engageantes à annoncer. Le Dr Pascal Hammel a d’ailleurs pour coutume de demander à ses patients ce qu’ils vont se dire au sortir de leur rencontre. Manière d’essayer de connaître le véritable état d’esprit du patient.
Face à un groupe d’internes, ce chef de service à l’hôpital Beaujon a ces mots qui en disent long sur son approche du métier : "Quand on entre dans la chambre d’un patient, c’est un moment sacré. On entre dans la vie de quelqu’un."
Une fois au contact du malade, en attente des résultats d’une biopsie, l’oncologue explique encore la posture, de proximité, à adopter avec le patient. Une façon de lui consacrer le temps et l’écoute nécessaires, et de lui faire sentir que le médecin est là pour lui. La confiance encore. Et un véritable combat de chaque instant pour les soignants dans un climat plutôt propice aux relations délétères : consultations surchargées, demandes administratives trop lourdes, etc.
Groupe de parole
Ce documentaire, qui nous entraîne dans les coulisses du soin, pénètre également dans un cercle fermé : celui d’un groupe de parole, mené par la psychanalyste Martine Rusznizewski, superviseur de groupes de parole de médecins. Là, ceux qu’on entend rarement parler d’eux-mêmes en consultation peuvent livrer leurs émotions, revenir sur des sensations d’échec ou partager leur expérience. Une manière pour eux de prendre de la distance, de définir de nouvelles approches du soin ; et pour nous, de comprendre que les médecins eux-mêmes sont des êtres humains pas toujours suffisamment formés pour gérer l’humain dans leur pratique. Un aspect pourtant capital dans le processus de guérison.
Et ce n’est sans doute pas par hasard si Gil Rabier a choisi, pour aborder cet aspect, un service de cancérologie.