"Les bourreaux de Staline": comment les Soviétiques ont assassiné l’élite polonaise
Publié le 25-02-2020 à 11h18
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Le réalisateur Cédric Tourbe dessine le profil de l’assassin Staline. Édifiant. Arte, à 20 h 50. Les images sont parfois insoutenables. Mais le documentaire Les Bourreaux de Staline - Katyn, 1940 est historique. Précis, implacable, à la manière d’un policier constatant le crime, accumulant les preuves, photos à l’appui, le réalisateur Cédric Tourbe dessine le profil de l’assassin Staline. Il montre comment son bras armé, le NKVD, police politique soviétique, exécute en 1940 plus de 22 000 prisonniers de guerre polonais, dont 4 500 dans la forêt de Katyn. Et comment les commanditaires de ce crime de masse ont réussi à garder le secret pendant cinquante ans…
Le 17 septembre 1939, sans avoir déclaré la guerre à la Pologne, l’Armée rouge envahit sa partie orientale. Hitler et Staline viennent de se partager leur voisin, selon les dispositions secrètes du Pacte germano-soviétique. Le NKVD transforme les monastères de Kozielsk, Starobielsk et Ostachkov en prison et en lieu d’exécution. Toute la journée, la musique de Chopin et Moussorgski est diffusée aux prisonniers de guerre polonais, principalement des officiers et des représentants de l’élite intellectuelle, afin de les déprimer. Puis, ils sont exécutés.
Cannibales dans une maison de fous
Pour comprendre ce crime de masse, le réalisateur remonte aux premières années au pouvoir des bolcheviks. Créée dès 1917, la première police politique, la Tcheka, était chargée d’éliminer les anciennes élites et toute opposition interne. Population terrorisée, staliniens exécutés qui allaient à la mort en criant "gloire à Staline", purge de purgeurs pour effacer les traces, paysans d’Ukraine mourant de faim, mères se sacrifiant en priant les enfants de les manger… Le régime stalinien est décrit comme une maison de fous. Le journaliste britannique Gareth Jones avait tenté d’alerter l’opinion.
En 1943, Goebbels révèle ce crime. Mais Roosevelt n’y croit pas. Et Churchill, conscient que la guerre ne pourra pas être gagnée sans les Russes, est fort embarrassé. Quant aux nazis, ils n’hésiteront pas à instrumentaliser leur découverte pour déstabiliser l’alliance entre les Anglo-Américains et les Russes.
"Concernant Staline, les archives ne sont pas ouvertes. Aujourd’hui, le FSB, qui a succédé au KGB, continue de tout verrouiller", précise Cédric Tourbe, qui s’est appuyé sur les archives découvertes par l’historien Nikita Petrov, auteur d’un ouvrage consacré à Katyn. Olivia Gomolinski, coauteure de ce documentaire, l’a traduit. Il devrait paraître prochainement aux éditions Noir sur blanc.