Hugo Clément, journaliste d’impact
Hugo Clément enquête dans "Sur le front des glaciers". A voir sur France 2, à 21 h 05.
- Publié le 17-03-2020 à 14h27
- Mis à jour le 17-03-2020 à 14h29
:focal(1145x771.5:1155x761.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2IPI76JBURDDZNZSHDAGTLNCFM.jpg)
Hugo Clément enquête dans "Sur le front des glaciers". A voir sur France 2, à 21 h 05.Hugo Clément est à France Télévisions ce que Nicolas Hulot était à TF1 en son temps, un jeune visage de l’écologie. Mais depuis le lancement d’Ushuaïa Nature, il y a vingt ans, l’esprit semble davantage au combat qu’à l’émerveillement. Explications.
Êtes-vous le journaliste le plus suivi sur Instagram, Facebook et Twitter ?
Oui, en France, ce qui représente plus de 2 millions de personnes. Je considère les réseaux sociaux comme des médias à part entière. Leur contenu doit être aussi travaillé, fouillé, intelligent que sur les médias plus traditionnels. Les réseaux sociaux sont le principal canal de diffusion de l’information, très loin devant la télé. Moi-même, je passe beaucoup plus de temps sur les réseaux - même en tant que consommateur d’information - que sur les médias plus traditionnels. Si j’écoute la radio, c’est sur les platesformes numériques, en podcast. Twitter fait office de revue de presse. Les comptes les plus suivis sur Instagram ne sont pas forcément les comptes de médias, mais de personnes. Il y a peut-être moins de fidélité au titre et davantage aux individus qui incarnent l’information. C’est un changement de paradigme intéressant.
Vous montrez votre vie privée, aux côtés de votre compagne, Alexandra Rosenfeld, ex-Miss France. Utilisez-vous cette communication comme levier d’attachement ?
J’ai un usage comparable à celui de l’écrasante majorité de la population sur les réseaux sociaux. Le mythe de l’objectivité total et absolu, plus personne n’y croit. Les journalistes non plus. Ne pas avoir honte de ce qu’on est, de ce qu’on pense n’est pas contradictoire avec la bonne pratique du métier de journaliste. Ce qui compte, c’est l’honnêteté dans ce métier : relater les faits, ne pas tordre la réalité pour qu’elle colle à ce que l’on pense.
Vous revendiquez un "journalisme d’impact".
Selon ma propre définition, c’est assumer la volonté de vouloir faire changer les choses. Au retour d’un reportage sur la famine au Congo, nous avons ouvert une levée de fonds en tant que média. En quelques semaines, 650 000 euros ont été reversés à Action contre la faim. Cinq hôpitaux ont été ouverts et ont permis de sauver plus de 3 000 enfants, qui sinon seraient morts. Nous avons révélé la pratique du claquage des porcelets. Deux jours après, le ministre de l’Agriculture annonçait au micro de France Inter, qui l’interrogeait sur ce reportage-là, que la pratique serait interdite. Dans les heures qui ont suivi la diffusion du reportage avec Sea Shepherd et le WWF sur la préservation des cétacés, les dons versés ont permis de renforcer le poids de cette association dans son combat. Je ne traite que de thématiques environnementales. Je peux aider les gens qui se battent sur le terrain en expliquant au grand public ce qui se passe. Il y a encore dix ans, je n’étais pas sensible à ces questions-là. Mais, à travers les reportages, j’ai compris que dans beaucoup de situations de crise les enjeux environnementaux étaient le dénominateur commun. C’est la mère de toutes les batailles, de laquelle découlent toutes les autres.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
À la fin du lycée, la France connaissait une période sociale assez agitée. J’ai participé à des manifestations et je voyais les journalistes sur le terrain. Je me suis dit : c’est bien ce métier, on est toujours dehors, dans l’action.
Et si vous n’aviez pas été journaliste ?
À Sciences-Po, j’avais hésité avec le concours de commissaire de police, pour le terrain. Quand j’ai vu la quantité de travail administratif, j’ai préféré devenir journaliste. Il y avait plus d’aventure.
Que répondez-vous à ceux qui reprochent l’approche anxiogène de "l’écologie punitive" ?
La plus grosse punition, ce n’est pas l’écologie qui la prépare, mais les réactions en chaîne, les conséquences environnementales de nos comportements.