Le manga au cinéma pour les nuls
Un fourre-tout d’entretiens qui parlent plus de (mauvais) cinéma que de mangas. Sur Be Ciné, 20 h 30.
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Publié le 18-03-2020 à 13h46
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Un fourre-tout d’entretiens qui parlent plus de (mauvais) cinéma que de mangas. Sur Be Ciné, 20 h 30.
Il y a des documentaires qui pourraient être passionnants, dont certains intervenants ne sont pas inintéressants, mais qui, trop sûrs de leur sujet, passent à côté de celui-ci.
Erreur sur la marchandise ou d’un titre trop franco-malin : "Nouvelle vague, le manga fait son évolution" de Benjamin Clavel - proposé ce soir sur Be Ciné - ne parle pas de manga mais d’adaptations cinéma.
Erreur de temporalité, aussi : cette "nouvelle vague", plus exploitation qu’évolution, est déjà en ressac. Un des intervenants, Scott C. Stewart, invoque lui-même l’excellence des réalisateurs coréens (rien à voir avec le manga japonais), l’authentique nouvelle vague des années 2000.
Confusion des genres
Confusion des genres, aussi : si plusieurs inserts en début de récit définissent les termes (manga, anime, mangaka, otaku), le docu réduit tout sous le même vocable. Ou comment - à l’instar des adaptations citées - énerver les amateurs en vulgarisant à l’extrême pour le grand public - sans doute moins niais sur le sujet après déjà trente ans de tsunami culturel nippon. (On doute que les téléspectateurs toujours indifférents prendront la peine de jeter un œil à ce documentaire.)
On ne voit, ici, que des gens de cinéma et aucun créateur de manga (notre petit doigt nippon nous dit que ceux-ci, dieux vivants en leur empire, n’ont pas de temps à perdre avec ces futilités). Les banalités promo des responsables du monstrueux Pokémon : Détective Pikachu ressemble à des chutes de making-of.
Dernier étonnement (en fait non : ça explique tout) : cinquante pour cent des intervenants sont des Occidentaux. Comme ces derniers, les auteurs du documentaire oublient les différences culturelles (notamment entre le manichéisme occidental et l’impermanence japonaise) comme raison de tant d’incompréhension créative. Bel aveu de Michael Arias : "les gens au Japon ont une vision différente du manga." Arigato ! (Merci)
Poncifs
Bref, qu’apprend-on ? Que le manga et le cinéma sont deux langages distincts (poncif qui vaut pour la BD franco-belge et les comics américains, aussi malmenés au cinoche), que cinémas asiatique et hollywoodien sont aussi différents que saké et whisky (celui qui en parle le mieux est Gary Daniels, JCVD américain exilé à Hong Kong : ce docu mélange tout, on vous dit), que Netflix et le streaming sont un nouvel horizon de création (scoop !).
L’épilogue, comme le prologue, de cette "nouvelle vague", "nouveau séisme créatif" (sic), est illustré par des extraits de productions so 90’s. Mise en abîme, involontaire, du producteur de Détective Pikachu penché sur un vieux jeu d’arcade : "Game over". Dont acte.