Patricia, Guilhem, Gaëlle, Jenny et Stéphane... Cinq personnes au visage abîmé se livrent
Cinq personnes au visage abîmé se livrent. A voir sur France 2, à 23 h 40.
Publié le 24-03-2020 à 17h48
:focal(1106x630:1116x620)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZUCM6LBZHNAZJN5F3H4WL44PMQ.jpg)
Cinq personnes au visage abîmé se livrent. A voir sur France 2, à 23 h 40.
Patricia, Guilhem, Gaëlle, Jenny et Stéphane font partie de ces minorités invisibles, littéralement inexistantes aux yeux de la société. C’est comme s’ils n’existaient pas. Et pourtant, ils sont bien vivants. Des êtres de chair - déformée par endroits - et de sang. Victimes d’un accident, d’une maladie dégénérative ou défigurés à la suite d’un traitement, ils ont eu le courage de se montrer. Tels qu’ils sont.
Ils offrent d’abord leur image tiraillée à la caméra de Didier Cros, dont la démarche est clairement engagée : il s’agit d’offrir une "revanche" à ces personnes "qui ne sont pas habituées à être regardées avec respect et considération" , explique-t-il dans une note d’intention. Les témoins confient également leur apparence au fameux studio Harcourt. Un photographe va tenter d’orienter la lumière, de mettre en scène le cadre, de façon à révéler ce qu’il y a de beau en eux, sans occulter les souffrances endurées, et les blessures, visibles ou non.
Galerie
La Disgrâce démarre par un long travelling au pied d’un magnifique escalier. En haut des premières marches, on devine le portrait d’une actrice, en noir et blanc, signé Harcourt. D’autres portraits apparaissent dans le cadre, suspendus, à mesure que la caméra se rapproche d’une pièce dédiée au maquillage. Sur la chaise, face au miroir, vont venir s’installer, tour à tour, nos cinq témoins.
Ce documentaire, qui charrie force, délicatesse, émotion, va bientôt faire une place à ces personnes défigurées, mais non sans visage, dans la galerie des portraits, aux côtés de visages plus normés, mis en valeur par la société. Comme autant de canons de beauté imposés à tous. En écoutant ces hommes et ces femmes raconter leur parcours, leur confrontation permanente au rejet, au regard de l’autre (et au leur), on mesure combien ce diktat de la norme peut se révéler violent et destructeur.
L’humain derrière le masque
Une fois passée la première sensation, compréhensible, de malaise, face à cette différence, le téléspectateur est amené, progressivement, à se rapprocher de ces êtres malmenés par leur image. " L’idée est de questionner l’humain caché derrière le masque de chair et le désordre des traits. De relater des parcours de vie pour recomposer les fragments éparpillés d’une identité meurtrie" , défend Didier Cros.
Cette identité se dessine au fil des entretiens, et des séquences, quasi intimes, filmées dans le studio photo. Chacun nous livre, par touches, sa vérité. Sans aucun tabou. Même le rapport à l’amour et à la séduction est évoqué. "J’ai longtemps douté de l’amour qu’il pouvait avoir pour moi", avance Jenny lorsqu’elle parle de son ex-mari. Souvent, elle sourit et fait montre d’humour, voire d’autodérision. Stéphane, lui, parle d’une rencontre sentimentale, et du moteur que cette dernière a constitué dans ce chemin chaotique vers "l’acceptation de soi-même".
Une heure suffit pour rendre ces cinq-là attachants. Ce film est construit comme "un parcours vers l’acceptation de l’autre", confirme le réalisateur. Dans un second temps, Marie Drucker animera un débat en présence du Pr Chloé Bertolus, chef du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, et de Caroline Demeule, psychologue dans le même service.