Quand la réalité rattrape le monde d’Orwell
Plongée dans une ère de surveillance généralisée. A voir sur La Une, à 22 h 25.
Publié le 26-03-2020 à 08h41 - Mis à jour le 03-04-2020 à 19h22
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Documentaire Plongée dans une ère de surveillance généralisée. A voir sur La Une, à 22 h 25.
Avec la pandémie de coronavirus qui sévit aujourd’hui, le sujet de la reconnaissance faciale revient dans l’actualité. À Moscou, les 100 000 caméras installées auraient permis à la police d’identifier près de 200 personnes n’ayant pas respecté la quarantaine. Pour gérer cette crise, de plus en plus de pays ont pris des mesures afin de surveiller leur population. Le documentaire 7 milliards de suspects tombe donc à pic.
La police de Nice fait appel à Israël
Produit par l’Agence Capa et Arte, ce film revient sur les dernières "avancées" en la matière. Pour proposer cette enquête solide, Sylvain Louvet et son équipe ont sillonné la planète, à commencer par Israël. Banques, hôpitaux, écoles… Sur le territoire de l’État hébreux, la reconnaissance faciale est déjà partout.
Selon une journaliste du quotidien Haaretz, le pays est, surtout, le principal exportateur de vidéosurveillance du monde. La police de Nice a notamment misé sur l’expertise d’une start-up israélienne (Anyvision). Son CEO est tout fier de présenter, face caméra, son logiciel, capable de détecter un visage et de le modéliser grâce à 500 millions de chiffres. Le taux de réussite estimé par l’entreprise serait de 99 %.
Les États-Unis, aussi, ont investi dans la reconnaissance faciale et notamment au nom de la lutte contre le terrorisme. C’est le cas, par exemple, dans les aéroports. Plusieurs spécialistes, comme Clare Garvie, critiquent la récolte de certaines données et leur utilisation pour une autre visée. "Plus de la moitié des Américains figurent aujourd’hui dans une base de données à reconnaissance faciale utilisées dans les enquêtes criminelles, et ce, uniquement avec leur permis de conduire et leur carte d’identité", dénonce cette chercheuse de l’Université de Georgetown.
Des erreurs possibles
D’autant que certaines technologies ne sont pas infaillibles. C’est le cas d’Amazon Rekognition, déjà testé dans deux États américains. L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a montré que ce logiciel de reconnaissance faciale pouvait commettre des erreurs en faisant le test avec les photos des membres du Congrès américain. Vingt-huit d’entre eux avaient été identifiés comme des délinquants. Flippant quand on sait que Jeff Bezos a vendu ce logiciel à la police.
La folie en Chine
Sans surprise, cette enquête nous emmène, aussi, sur le territoire chinois où 600 millions de caméras ont été installées, soit une pour deux habitants.
Dans tout le pays, les citoyens sont constamment surveillés et voient la note de leur "crédit social" baissée au moindre écart. Les mieux notés peuvent adhérer au parti et contracter un prêt, les "cancres" ne peuvent même pas embarquer dans un avion. Balancer son voisin permet, aussi, de gagner des points.
Le chercheur qui a imaginé cette technologie, Lin Junyue, est pourtant loin de penser qu’il a créé un monstre. "Le système de crédit social est le meilleur moyen de gérer efficacement une société. On peut rétablir l’éducation morale, l’honnêteté, les comportements vertueux. C’est le regard du reste de la société qui trouve que votre attitude n’est pas bonne."
L’enfer des Ouïghours
Dans la province du Xinjiang, "la zone la plus surveillée au monde", le journaliste a, enfin, pris des risques pour parvenir à filmer la situation des Ouïghours : QR codes devant leur domicile, fichage via des applications ou encore internement dans des camps. Les membres de cette minorité musulmane vivent un enfer qui, lui, est bien réel.