Le mal-être de la police belge: "Pas un jour ne passe sans que j'entende des termes du style 'nègre', 'bougnoule'"
Le magazine "#Investigation" sonde les maux de la police. A voir sur La Une ce mercredi à 20h15.
Publié le 27-05-2020 à 08h27
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Le magazine "#Investigation" sonde les maux de la police. A voir sur La Une ce mercredi à 20h15.
Un policier sur trois déclare avoir été harcelé moralement sur son lieu de travail. Une policière sur quatre dit avoir été victime de harcèlement sexuel, quand un policier sur cinq estime que la vie n’a plus grand intérêt. Ces chiffres interpellants proviennent d’une étude interne sur le bien-être au travail menée au sein de la police fédérale et dans douze zones de police locale auprès de plus 7 000 policiers et sont évoqués dans ce nouveau numéro du magazine #Investigation . Dans Harcèlement à la police : le grand malaise ? , Fabrice Gérard et Santos Hevia ont tenté de mettre en lumière les histoires noires cachées derrière les statistiques.
La grande plus-value de cette enquête réside dans les nombreux témoignages que le duo de la RTBF est parvenu à obtenir et qui permettent de dresser un état des lieux des maux de la profession.
Sous-effectif, racisme…
Un inspecteur de la police bruxelloise des chemins de fer témoigne, par exemple, anonymement pour dénoncer le manque d’effectifs criant qui serait, entre autres, la cause de burn out. Un constat partagé par Marc De Mesmaeker, commissaire général de la police fédérale.
Un inspecteur chevronné de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles dénonce, quant à lui, les propos racistes récurrents de certains collègues. "Pas un jour ne passe sans que j’entende des termes du style ‘nègre’, ‘bougnoule’…" De quoi rappeler une affaire retentissante et récente en France. Deux policiers avaient, ainsi, été filmés par un badaud alors que l’homme qu’ils cherchaient à interpeller s’était jeté à l’eau. "Il ne sait pas nager, un bicot, ça ne nage pas", avait dit notamment l’un des deux agents mis en cause.
Certains policiers ont dénoncé ces comportements intolérables. D’autres auraient plus de mal. Il serait compliqué de briser l’omerta, de peur de passer pour un traître ou d’en subir les conséquences. Entre mise au placard et harcèlement.
La situation des femmes policières est longuement évoquée dans cette enquête. Le tableau n’est guère reluisant. Beaucoup ont préféré témoigner par courriel et rester anonymes. "J’ai 23 ans de service, le harcèlement sexuel, les violences verbales font partie intégrante de la culture policière. La hiérarchie reste sourde à nos plaintes", écrit l’une d’elles. D’autres femmes ont accepté de raconter leur enfer dans cette enquête nécessaire et nuancée. Toutes les personnes mises en cause sont, en effet, interrogées ou ont au moins eu l’opportunité de s’exprimer. Un petit bémol réside, peut-être, dans la mise en forme de ce sujet, il est vrai, pas évident à illustrer.