"Pop Utopia", la révolution en chansons
Docu Ce film raconte l’histoire des idéaux portés par les artistes. Vendredi, 22 h 30, Arte.
- Publié le 09-07-2020 à 07h02
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La musique secoue les mœurs. Et les chansons font circuler de grandes idées, parfois. Dans son documentaire Pop Utopia , allemand, en deux parties, la journaliste culturelle Sarah Doraghi s’interroge sur la manière dont les artistes portent les idéaux des XXe et XXIe siècles.
Août 1963. Une foule converge devant le Lincoln Memorial de Washington pour exiger la liberté, un emploi et l’égalité des droits pour les Noirs américains. Joan Baez, Mahalia Jackson, Bob Dylan, des figures de la scène musicale, se produisent lors de la célèbre Marche sur Washington. Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné. Nina Simone entonne son requiem "Why" et s’interroge sur ce qu’il adviendra maintenant que "the King of love" est mort. "Chanter pour aider les miens a été le pilier de ma vie", dira Nina Simone peu avant sa mort.
Chanter l’égalité Noir-Blanc
Cinquante-sept ans plus tard… Janvier 2009. À l’investiture de Barack Obama, tout premier président noir de l’histoire des États-Unis, Aretha Franklin chante et reprend les mots prononcés par Martin Luther King dans son vibrant "I have a dream" tout près du Capitole : "Que sonne la cloche de la liberté." Aujourd’hui, le discours de Martin Luther King fait partie des textes les plus samplés de l’histoire de la pop. Six fois nommée aux Grammy Awards, Janelle Monáe décrit dans sa chanson "Django Jane" l’ascension sociale de sa famille. Elle chante : "Maman faisait le ménage dans un hôtel, papa était chauffeur, et moi vendeuse. Notre place était toujours dans l’arrière-boutique." En concert, elle illustre sa chanson "So Afraid" par des photos de manifestations antiracistes.
Au début du XXe siècle, dans les rues de Londres, les suffragettes britanniques expriment, aussi, leur rêve d’égalité homme-femme, quand les Françaises n’obtiennent le droit de vote qu’en 1944, un quart de siècle après les Allemandes.
En 1963, âgée de 17 ans, Lesley Gore entonne sa revendication d’indépendance au sein de son couple dans sa chanson "Je ne t’appartiens pas".
S’évader par le rêve
Succédant au premier volet, intitulé "Un rêve de justice", Pop Utopia propose un second volet "S’évader par le rêve". Il aborde les modes de vie alternatifs et l’ivresse des années 1960-1970. L’herbe, le LSD - qui était légal jusqu’à la fin des années 1960 - ou les psychotropes utilisés par les Amérindiens n’étaient pas seulement pris pour s’évader, faire la fête. C’était un des moyens d’obtenir une forme de communion sociale et spirituelle. Pour porter ces thématiques, des artistes tels que Louis Armstrong, Marvin Gaye, Michael Jackson, R.E.M. et Jefferson Airplane sont convoqués.
Pop Utopia attribue à l’art mineur sa vocation majeure. Même s’il reste léger dans sa forme, mêlant extraits musicaux aux analyses d’artistes et de journalistes, ce documentaire en deux parties propose une mise en perspective éclairante des chansons qui nous ont accompagnées. Il conduit à nous interroger sur leurs influences, qu’elles soient conscientes ou inconscientes.