Le départ de Jean-Pierre Pernaut marque la fin d’une ère
Jean-Pierre Pernaut va abandonner la présentation du JT de TF1 après trente-deux ans de service.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TB6RBRRB7ZFTLE2HFN72AKZUV4.png)
Publié le 15-09-2020 à 18h50 - Mis à jour le 15-09-2020 à 18h53
Les images repêchées, hier, par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) dans ses archives disent beaucoup sur Jean-Pierre Pernaut. Face caméra, l’air grave, le journaliste tend le micro à un homme devant un puits en pierre. Trois jours auparavant, ce dernier a sauvé Sylvain, un adolescent tombé par inadvertance au fond du trou. Ouf. Nous sommes en 1972, l’année du "Bloody Sunday" à Derry, du scandale du Watergate aux États-Unis. Le journaliste français est, chez lui, pour parler aux "vraies gens" en Picardie.
Personnalité TV préférée des Français
Près d’un demi-siècle après sa première télé, Jean-Pierre Pernaut n’a jamais bougé son credo d’un iota : la proximité. Les escargots à la Charentaise. La foire nationale à la brocante et aux jambons de Chatou dans les Yvelines. le marché aux truffes de Lalbenque (Lot). L’art de tailler les sabots en Ariège, le cor des Alpes en Haute-Savoie ou encore les cuillères de mariage dans le Finistère. De quoi horripiler son ancien concurrent Bruno Masure, présentateur du JT de France 2, jusqu’en 1997. "Quand je fais un topo devant de futurs journalistes, je leur dis : la recette d’un bon JT ? C’est très simple, faire très exactement l’inverse de ce que fait Jean-Pierre Pernaut, il faut juste donner des infos sur la vie du monde", a-t-il réagi, ce mardi, sur Twitter.
Qu’on aime ou qu’on déteste son idée du journalisme très franchouillarde, ou ses prises de position assumées comme au comptoir, le départ de Jean-Pierre Pernaut du JT à la fin de l’année marque bien la fin d’une ère. Et pour cause, Pernaut était l’homme-tronc du JT de 13 h depuis le 22 février 1988. Cette année-là, on payait une baguette en francs et François Mitterrand était président.
Le présentateur avait, à l’époque, succédé à Yves Mourousi pour remonter les audiences de la première chaîne. Du côté des chiffres, le pari a été réussi puisque 5,9 millions de téléspectateurs ont déjeuné en moyenne avec Jean-Pierre et ses collègues du JT de 13 heures la saison dernière. En juin, il avait, en outre, été "sacré" personnalité TV préférée des Français selon un sondage. "Jean-Pierre Pernaut a façonné et donné son ADN au 13h de TF1 avec un succès inégalé. Il nous donne à nouveau l’exemple en décidant de quitter la présentation du 13 h alors qu’il est au sommet de sa popularité", a assuré le directeur de l’information, Thierry Thuillier, cité dans un communiqué de la chaîne privée.
"Changer de rythme"
"JPP" avance en âge. Touché par un cancer de la prostate dont il avait guéri, le journaliste avait été contraint de s’arrêter quelques semaines en 2018. Idem, lors de la crise sanitaire où, confiné, il avait laissé la place à son joker : Jacques Legros. Même s’il quitte son poste, Jean-Pierre Pernaut continuera d’apparaître sporadiquement à l’écran. Au programme notamment : des opérations de proximité comme "SOS Villages", des éditions spéciales et des longs formats sur TF1, et un nouveau rendez-vous sur LCI. "J’ai décidé de changer de rythme et remettre le flambeau du journal dès la fin de cette année", a-t-il expliqué dans une vidéo publiée sur Twitter et destinée à tous ses fans. "Je sais que ma décision d’arrêter le 13 h va surprendre pas mal d’entre vous. Je l’ai mûrement, très mûrement réfléchie. Le 13 h et moi, c’est une aventure extraordinaire grâce à vous, grâce à votre confiance, de vos parents et de vos grands-parents. C’est un virage que je vais prendre à la fin de l’année." Le nom de son successeur n’a pas encore été dévoilé. On ne peut que lui souhaiter une telle longévité.