"Le Mensonge": l'histoire vraie d'un grand-père accusé de viol par son petit-fils
Daniel Auteuil incarne avec force ce grand-père accusé de viol par son petit-fils. Épisodes 1 et 2/4, France 2, 21 h 05.
- Publié le 05-10-2020 à 15h25
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Le récit, édifiant, de la mini-série Le Mensonge , en 4 x 46 minutes, est inspiré d’une histoire vraie : l’affaire Christian Iacono, ex-maire de Vence, accusé de viol par son petit-fils de 9 ans, Gabriel. Ce dernier finira par blanchir son grand-père, après que cet élu apprécié de ses concitoyens et médecin reconnu a purgé une peine de neuf ans de prison. Cette erreur judiciaire a défrayé la chronique pendant plus de quinze ans, jusqu’au procès en révision, en 2015. Après avoir été acquitté, Christian Iacono a tiré un ouvrage de sa tragédie personnelle, Le Mensonge (Éditions Sudarènes), dont s’est emparé avec beaucoup de rigueur l’auteur et réalisateur Vincent Garenq, coutumier des affaires judiciaires au cinéma (Présumé coupable et autres L’Enquête…).
L’idée de cette saga familiale et judiciaire puissante, juste dans son approche, a été proposée à France 2 par la productrice Julie Lafore (Thalie Images). "C’est un ami de la famille de Christian Iacono qui m’avait proposé de lire son récit, et j’ai été saisie par l’intensité de cette tragédie familiale, et par la question de savoir ce qui avait pu se passer entre cet homme, son fils et son petit-fils pour en arriver là", raconte la productrice lors d’une rencontre de presse en visioconférence.
"J’avais produit avant un téléfilm pour Arte, Tuer un homme, également inspiré d’un fait-divers, et j’avais pris conscience que ce genre de fiction fait appel à des compétences assez spécifiques. J’ai donc proposé cette histoire à Vincent Garenq, dont les films adaptés d’affaires judiciaires m’ont beaucoup marquée. Nous avons eu la chance de développer le projet en sachant que Daniel Auteuil suivrait Vincent dans cette aventure, après avoir déjà tourné avec lui l’adaptation d’une autre affaire judiciaire", poursuit Julie Lafore, évoquant là Au nom de ma fille.
Un destin qui bascule
Daniel Auteuil incarne le personnage de Claude Arbona (les noms ont été modifiés par respect pour la famille) au moment où il prépare la campagne sénatoriale. Il reçoit régulièrement chez lui son petit-fils Lucas.
Alors que ses parents s’apprêtent à divorcer, ce dernier, désemparé, confie à sa mère que son grand-père paternel l’a violé. Le début d’un engrenage infernal pour cet homme qui ne cessera jamais d’aimer son petit-fils, malgré l’acharnement du destin contre lui.
"Quand on me propose ce genre d’histoire, je fais en sorte, pour ma santé, de m’échapper de la réalité, d’être concentré sur un scénario. Ce qui m’a plu dans cette histoire, c’est le destin brisé d’un homme. Et le fait que ce soit Vincent qui me propose de travailler avec lui ne m’a pas fait hésiter une seule seconde. Après Au nom de ma fille, une histoire terrible, je savais que je serais traité avec beaucoup de rigueur, de pudeur et de force", justifie Daniel Auteuil, dont c’est la première série télé.
Le comédien précise qu’il a rencontré toute la famille. "Même le petit-fils, qui était assistant sur le film. Je me suis davantage inspiré de leur bonheur d’aujourd’hui pour travailler, et je n’ai pas posé de questions, parce que ce n’est pas dans ma nature. Je reste toujours dans le domaine de la fiction, tout en sachant que ce sont de vraies personnes, et donc en essayant d’être le plus rigoureux possible et le plus honnête par rapport à eux."
En accord avec la famille
C’est en concertation avec la famille de Christian Iacono, à tous les stades du développement, que Vincent Garenq s’est attelé à cette emprise délicate. "J’ai toujours fait les films avec l’accord des familles, en ayant des échanges avec elles, en leur faisant lire toutes les versions du scénario, assure-t-il. Je m’inquiète toujours de ne pas les trahir. Et en même temps, il faut faire de la fiction. Sans être toujours d’accord, je leur ai expliqué mes choix. Quand on réduit quinze ans de la vie de quelqu’un à trois heures, il faut parfois passer par des simplifications, fusionner plusieurs personnages réels en un, et mille autres choses faisant partie du travail d’adaptation. C’est une affaire de confiance. L’essentiel est qu’ils s’y reconnaissent à la fin, et ils sont très contents. Nous avons pris un soin particulier à aimer tous les personnages, à essayer de les comprendre."
L’auteur-réalisateur, qui s’est basé aussi sur le dossier d’instruction, d’ajouter : "J’ai vu dans ce livre un sujet qui se prête à la série, où l’on peut développer de manière plus approfondie une erreur judiciaire, à quoi s’ajoute une histoire de famille, et une fin qu’aucun scénariste ne peut écrire, tellement elle est désespérément heureuse, comme disait Truffaut."