Mais où est Banksy ?
Magazine "Doc Shot" diffuse un documentaire sur le street-artiste. La Une, 22h35.
Publié le 15-10-2020 à 07h38
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Les deux casqués de Daft Punk, le collectif The Residents, en musique, Romain Gary et son double (Emile Ajar), deux fois lauréat du prix Goncourt, sont parmi les artistes ayant exploité à fond la carte de l’anonymat. S’il y en a bien un qui a pris leur suite et défraie, aujourd’hui, la chronique, c’est bien Banksy. Toujours caché, ce dernier est au cœur du sujet diffusé dans Doc Shot : Banksy most wanted .
Dans ce documentaire fouillé, tourné en majorité en Grande-Bretagne, et coproduit par Canal Plus, Aurélia Rouvier et Laurent Richard partent sur la piste de ceux qui tentent, justement, de suivre le street-artiste britannique. Ils sont plusieurs à être certains de l’avoir trouvé. Le hic : les enquêteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord sur l’identité de celui qui a mis la planète à ses pieds en apposant des pochoirs sur un mur.
Massive Attack ou Gorillaz ?
Il y a, d’abord, Craig Williams qui affirme avoir eu une révélation lors d’un concert de Massive Attack. Persuadé des liens qui unissent le graffeur et la formation de Bristol, l’excentrique journaliste a essayé de faire coïncider l’apparition des œuvres à travers le globe avec les dates de concert du groupe de trip-hop. Troublant.
Un expert financier penche, lui aussi, vers le sud de l’île mais pointe du doigt une autre ville (Brighton) et un autre groupe mythique (Gorillaz). En analysant l’immatriculation de la société de production du documentaire réalisé par Banksy ( Exit Through the Gift Shop ), cette source anonyme est remontée jusqu’à un certain Jamie Hewlett, à savoir l’illustrateur génial qui s’occupe de la partie visuelle du projet monté avec Damon Albarn.
Un ancien criminologue du Texas s’appuie, de son côté, sur une base de données utilisée dans la traque des tueurs en série afin de retrouver un autre "suspect" potentiel : Robin Cuningham. Au sein de son ancien domicile, une femme a découvert de vieux dessins du Bristolien.
Des fake news lâchées sur la Toile
Cette chasse est d’autant plus compliquée à effectuer que Steve Lazarides, l’ancien agent de Banksy, raconte, photos à l’appui, les stratagèmes mis en place pour brouiller les pistes et préserver son anonymat : déguisement en ouvrier de chantier, fausses fuites reprises dans les médias…
En parallèle de cette traque passionnante, les deux réalisateurs dressent un portrait complet de "l’as de l’aérosol". Ses débuts dans le petit monde du graffiti, l’utilisation des pochoirs et de l’humour noir, de ses engagements politiques mais aussi de certains de ses paradoxes.
Banksy critique les dérives du capitalisme à outrance, mais ses œuvres se vendent à des centaines de milliers de livres chez Sotheby’s. Banksy dénonce l’ultraconnexion de la population, mais le Britannique, roi du storytelling, voit des hordes de touristes prendre des selfies devant ses œuvres pour les poster sur les réseaux sociaux. Banksy refuse la célébrité, mais est adulé par une société dans laquelle certains ne pensent justement qu’à la caresser.