Netflix : la Révolution française façon nanar
Avec "La Révolution", la plateforme propose une uchronie fantastique. Audacieux, mais raté.
Publié le 19-10-2020 à 07h20 - Mis à jour le 19-10-2020 à 07h21
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Il en faut, du courage, pour s’attaquer à la Révolution française. C’est le défi lancé par Netflix avec la série La Révolution. Que les fanas d’histoire, avides d’en connaître davantage sur cette période, n’appuient pas sur lecture avant de savoir qu’Aurélien Molas et Gaïa Guasti, les deux cocréateurs qui avaient déjà travaillé ensemble sur Une île pour Arte, ont signé une uchronie. Une fiction à partir d’un événement historique. Verdict ? Raté.
Le sang des nobles devient bleu
Cette série fantastique audacieuse, composée de huit épisodes de 50 minutes, débute en 1787 dans le comté fictif de Montargis. Et, pour ne rien vous cacher, ce n’est pas la grosse ambiance dans les environs. C’est même franchement glauque. Il fait froid, gris, et les membres de la noblesse doivent faire face aux prémices de la révolte du peuple en pleine galère et à une fraternité secrète. Cerise sur le gâteau : un virus change la couleur de leur hémoglobine en bleu et les force à arpenter les forêts pour trouver de la chair humaine fraîche. Pas cool.
Une maladie découverte par un jeune médecin (Joseph Guillotin, le nom de l’homme qui avait fait adopter la méthode unique de la guillotine), persuadé de devoir réparer une erreur judiciaire en autopsiant le corps mutilé d’une paysanne. Les femmes disparaissent à la pelle. La Révolution fait la part belle au gore, à coups de têtes coupées et de traces de dents dans des joues décharnées.
L’enfer des dialogues
Malgré quelques points positifs (les décors, les costumes d’époque, la lumière, la bande-son…), une entrée en matière hyperefficace et prometteuse, la série inspirée en partie de l’univers du Pacte des Loups ou de Kingdom s’apparente, ensuite, à un calvaire.
Le scénario, trop fantaisiste, part en vrille. Les auteurs empilent les clichés. Les dialogues sont plats et l’interprétation des acteurs laisse, parfois, à désirer. Ce n’est même pas assez mauvais pour nous faire rigoler.
On pense notamment à la scène dans laquelle Joseph Guillotin (Amir El Kacem) revoit son frère Albert (Lionel Erdogan) censé être décédé sans être plus que cela chamboulé. Normal.
Une héroïne féministe
Aurélien Molas et Gaïa Guasti ont essayé d’apporter un peu de profondeur à leur œuvre en faisant des clins d’œil aux combats sociétaux contemporains, notamment aux fameux 1 % ("les nobles ne sont qu’1 % mais pourtant ils détiennent 99 % des richesses"), et avec le rôle d’une comtesse féministe.
Élise de Montargis (Marilou Aussilloux) s’oppose aux membres toxiques de sa famille, protège sa petite sœur sourde, et tente de se battre pour plus de justice sociale. Cela reste, néanmoins, très très superficiel.Jacques Besnard
"La Révolution" est disponible sur la plateforme Netflix.