Documentaire: Le Liban, l'épreuve du chaos
Arte tente d’expliquer les difficultés du pays du Cèdre. À 22 h 35.
- Publié le 17-11-2020 à 16h05
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Pris en étau entre Israël et la Syrie, le Liban, qui subit sur son sol la partie d’échecs entre les puissances de la région, est victime d’une malédiction géographique. Seul un État moderne fort, démocratique et transparent, peut garantir cette indépendance. Avec son ouverture, sa liberté et sa créativité, le Liban, creuset du brassage des cultures et des religions, possède des atouts et peut même devenir un laboratoire pour le monde entier", explique Amal Mogaizel en marge de la sortie de son documentaire Liban, l’épreuve du chaos coproduit par Capa Presse et Arte.
300 000 Libanais à la rue
La réalisatrice franco-libanaise rencontre des écrivains, des historiens, des journalistes et une influenceuse pour analyser les raisons de l’explosion meurtrière du 4 août dernier. Ce sont 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont pulvérisé le port de Beyrouth et une partie de la ville. Plus de 200 personnes sont mortes, près de 10 000 ont été blessées et 300 000 se sont retrouvées sans abri.
À l’automne 2019, les Libanais avaient manifesté en masse. Chrétiens, musulmans, sans confession, tout un peuple dénonçait l’incompétence, la corruption de la classe politique et réclamait le départ des chefs des communautés libanaises. Pourtant, le Liban était le refuge promis par la France aux chrétiens du Levant victimes de massacres au XIXe siècle. Britanniques et Français avaient misé sur la chute de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne. Dans le plus grand secret, ils ont redessiné la carte de cette région du monde avec leurs zones d’influence respectives.
Au départ, "un système transitoire"
À l’ouest de la Syrie, la France crée le Grand Liban autour de quatre ports : Tripoli, Beyrouth, Saïda et Tyr. Dans ce nouveau pays se côtoient chrétiens majoritaires et population musulmane. Dès 1926, la Constitution du Grand Liban est rédigée. Elle établit une répartition des pouvoirs selon le poids démographique des principales communautés. Le président sera chrétien, le chef du gouvernement sunnite et le président de la chambre chiite.
L’historien Stéphane Malsagne précise : "Mais attention, il est dit, et ça, c’est très important, que cette institutionnalisation du confessionnalisme politique devra être transitoire, ne pas nuire aux intérêts de l’État et se faire dans un souci de concorde et de justice. Ce qui était prévu au départ comme étant un système transitoire va finir par être un système durable […] un système de discorde et non pas un système de concorde."
Gangrené par le clientélisme
Confirmé à l’Indépendance, en 1943, ce modèle confessionnel est toujours en vigueur aujourd’hui. Le recrutement d’un individu ne se fait pas en fonction de ses compétences, mais selon son appartenance communautaire, provoquant clientélisme et corruption. En 52 minutes, la documentariste revient sur les étapes décisives de la construction du Liban, ses agressions, son marasme pour esquisser son avenir et le nôtre, aussi, peut-être.