"Le jeu de la dame", carton surprise de l'automne sur Netflix et joli coup de pub pour les échecs

Un coup de "grand maître" : carton surprise de l’automne sur Netflix, la mini-série Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit) retrace avec brio le parcours d’une prodige des échecs et passionne néophytes et joueurs avertis, séduits par son réalisme.

AFP
"Le jeu de la dame", carton surprise de l'automne sur Netflix et joli coup de pub pour les échecs

Cette série raconte, dans les années 1950-1960, l’ascension fulgurante - et fictive - d’une orpheline du Kentucky en proie aux addictions, Beth Harmon (campée par la formidable Anya Taylor-Joy), dans un univers très masculin. La série est saluée de toutes parts, le bouche-à-oreille l’ayant propulsée en tête des séries les plus vues sur la plateforme.

Chez les amateurs d’échecs, conquis, c’est l’effervescence. En témoigne la floraison d’articles et vidéos consacrées à la série par les publications spécialisées ou les commentaires quasi unanimes de joueurs sur les réseaux sociaux.

"C’est la meilleure chose que j’ai vue sur les échecs", a ainsi affirmé le Français et grand maître international (titre récompensant un joueur de haut niveau) Anthony Wirig, lors d’une conférence en ligne organisée autour de la série par le site "Apprendre les échecs en 24 h". "Cela a ému beaucoup de monde de voir l’ambiance aussi bien retransmise, ce lien charnel qu’on a avec le jeu", explique Pierre Petitcunot, cofondateur du site.

Les spécialistes sont nombreux à saluer "une formidable série proche de la réalité", qui s’appuie sur une "littérature très dense" et "des parties réelles", tirées de vraies compétitions. C’est que la série, très documentée, a bénéficié de l’expertise du légendaire Garry Kasparov, l’ancien champion du monde russe et du coach américain Bruce Pandolfini.

Quelques erreurs subsistent, certes, au montage, selon Anthony Wirig. Et les acteurs n’ont pas "l’élégance du toucher" de vrais joueurs dans "les déplacements", estime Bachar Kouatly. Il n’empêche, "c’est filmé de manière sublime", insiste-t-il.

"Beaucoup vont certainement commencer les échecs grâce à cette série", anticipe Bachar Kouatly.

De fait, le site "Apprendre les échecs en 24 heures" a vu son nombre de visiteurs multiplié par 10, de 600 à 6 000 par jour, depuis la diffusion de la série. Et d’après le quotidien britannique The Independent, les recherches de jeux d’échecs ont augmenté de 273 % sur le site d’enchères eBay, dans les dix jours suivant l’arrivée de la série sur Netflix.

De quoi gonfler les rangs des joueuses dans cette discipline souvent critiquée pour son sexisme ? Un aspect trop édulcoré, selon certains, dans la série. L’ex-championne hongroise Judit Polgar estime ainsi que les adversaires de Beth Harmon sont "trop gentils avec elle", au regard des commentaires désobligeants qu’elle a souvent essuyés, certains refusant même de lui serrer la main. Un avis partagé par la directrice de la Fédération française féminine des échecs : "J’ai entendu maintes fois des jeunes garçons dire ‘t’as perdu contre une fille, la honte’, déplore-t-elle. Plus il y aura de femmes, plus elles auront une vraie place."

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