Notre vie sur terre est liée à la mer: un documentaire scientifique, magnétique et bouleversant
À 22h40, Arte diffuse un opéra scientifique, magnétique et bouleversant.
- Publié le 19-01-2021 à 06h41
- Mis à jour le 20-01-2021 à 19h49
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Dans 20 ans, les scientifiques prédisent que les mers contiendront plus de plastique que de poissons. Les océans mangent du plastique, mais les animaux en sont incapables. C’est ce qui explique que plus d’un million d’animaux marins meurent chaque année. En se désagrégeant, le plastique affecte désormais le premier maillon de la chaîne alimentaire. Les plus petits organismes du monde marin, le plancton, ingèrent eux aussi du plastique en filtrant l’eau pour se nourrir. Les particules de polystyrène qui flottent dans l’eau s’accumulent dans leur tissu. À chaque fois que nous lavons nos vêtements, des microfilaments de plastique issus du nylon et du polyester finissent leur course dans l’eau des océans. Le plastique se retrouve dans tous les écosystèmes. Notre alimentation, aussi, est intoxiquée par le plastique.
"On finit par devenir plastique"
Le documentaire australien de Karina Holden est auréolé de 16 prix, donc celui de l’Okeanos, Festival international du film océanien 2018. "Karina Holden est une réalisatrice australienne. Spécialisée en zoologie, en histoire et en philosophie des sciences, elle travaille depuis 20 ans en tant que journaliste scientifique. Elle a réalisé d’innombrables documentaires primés pour National Geographic, Discovery Chanel et Animal Planet. Blue est son premier long-métrage documentaire destiné au cinéma", précise Arte. Présenté dans de nombreux festivals internationaux, son film est sorti en salles dans plusieurs pays. Il est traduit en français par Le Blues des océans .
Karina Holden a tourné durant deux ans dans la région Pacifique, de l’Indonésie à Hawaii en passant par les Philippines et l’Australie. Si elle dénonce la pêche industrielle, l’exploration offshore, la destruction des récifs coralliens et les pollutions, c’est pour mieux montrer l’engagement de femmes et d’hommes totalement investis auprès des oiseaux et des animaux marins. Des êtres beaux et passionnés, à l’instar de Valérie Taylor, une pionnière, grande spécialiste des requins et défenseuse des récifs coralliens. À 85 ans, elle plonge avec grâce.
"Et la vie engendre la vie"
La réalisatrice mêle prises de vue aériennes et sous-marines époustouflantes de beauté. Le ralenti génère un sentiment d’éternité propre à la mer. Elle introduit des scènes d’une grande sensibilité, d’une grande fragilité comme celle d’une jeune ornithologue au chevet d’un jeune oiseau marin. Avec précaution, elle appuie sur sa cage thoracique dure et crissante. Puis, elle lui fait un lavage d’estomac pour lui ôter une capsule, des chevilles de vis et tous les bouts de plastique qu’il a ingérés. Elle a trouvé de jeunes oiseaux dont l’estomac contenait plus de 275 morceaux de plastique. "C’est comme si un être humain en avait ingéré 10 kg."
Pour dénoncer la surpêche, la réalisatrice dresse aussi des parallèles frappants. Certains thons sont devenus tellement rares, c’est comme si l’on mangeait du léopard des neiges ou de l’ours polaire. La force de ce documentaire est de donner aux animaux marins une présence sensible particulièrement tendre et émouvante. C’est de nous faire comprendre sans grand discours le lien entre nos vies et la leur. Les oiseaux des mers sont à l’origine de la vie insulaire. Ils fertilisent le sol en déposant du phosphate issu de leur alimentation riche en poissons. Et ce phosphate alimente directement les racines des arbres. Ces nutriments permettent au sable de donner naissance à des arbres. "Et la vie engendre la vie." Notre vie sur terre est liée à la mer. Les océans déterminent le climat, stabilisent les températures, fournissent une part essentielle de l’oxygène que nous respirons et façonnent l’équilibre chimique de la terre.
