"Charlie", l’humour quoi qu’il en coûte
À l’issue du procès, l’équipe de "Charlie" témoigne. A découvrir sur France 5, à 20h50.
- Publié le 26-01-2021 à 13h15
- Mis à jour le 26-01-2021 à 13h16
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À l’automne 2020 s’ouvrait au tribunal de Paris le procès des complices présumés de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015, Cherif et Said Kouachi ont surgi dans la rédaction et assassiné les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste Elsa Cayat, le correcteur Mustapha Ourad, l’écrivain Michel Renaud, le responsable d’entretien Frédéric Boisseau et les policiers Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet.
Du 2 septembre au 16 décembre 2020, ce procès a regroupé cette attaque de Charlie Hebdo avec, les jours suivants, l’assassinat de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe à Montrouge, puis la prise d’otages de l’Hyper Cacher, qui a entraîné la mort de Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab.
Un procès historique
En raison de l’intérêt historique des audiences, les caméras ont été autorisées à entrer dans la salle d’audience. Une première en France pour une affaire traitant d’attaques terroristes. Avant celui des attentats de janvier 2015, onze procès ont, déjà, fait l’objet d’un enregistrement vidéo : ceux de Klaus Barbie (1987), des membres de la junte militaire chilienne (2010), des responsables du génocide rwandais, de l’explosion de l’usine AZF, en 2009 et en 2017. Le procès n’est pas diffusé en direct ou sur Internet ou à la télévision, mais les images seront conservées pendant cinquante ans par l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ensuite, elles pourront être exploitées librement. Tandis qu’historiens et scientifiques pourront les consulter, sur demande motivée.
En l’absence des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, abattus par la police en janvier 2015, ils sont quatorze à être jugés au tribunal de Paris. Trois sont en fuite en Syrie et jugés par contumace. Pour les onze accusés présents, la question est de savoir leur degré de participation aux attentats et, surtout, si après avoir fourni armes ou assistance, ils peuvent être condamnés pour terrorisme ou pour simple association de malfaiteurs.
Dessiné dix ans avant les attentats
Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir , le documentaire d’Hugues Nancy (Simone Veil, album de famille, François Mitterrand, albums de famille) ne porte par sur le procès en lui-même. Il ne rapporte pas par le menu, le récit des trafics, violences, crimes et délinquances des accusés, leur connexion entre la France et la Belgique ou encore leur système de défense. Ce film relate sobrement le procès à travers les textes de l’écrivain Yannick Haenel et les dessins de Boucq, auteurs de l’ouvrage Janvier 2015, le Procès (éditions Les Échappés).
En revanche, il s’attarde sur la création du journal, sur ses unes, l’esprit des équipes fondatrices, les vicissitudes et condamnations du journal satirique. Il pousse à la réflexion sur la caricature et se demande comment un dessin publié presque dix ans avant les attentats a pu déclencher une telle violence.
Le réalisateur s’attache à donner la parole aux membres de Charlie Hebdo, dont certains étaient présents lors de l’attentat, et il soutient la nouvelle génération engagée à faire vivre l’hebdomadaire : Riss, directeur de la publication, Coco, dessinatrice, Simon Fieschi, salarié de Charlie Hebdo, Caroline Fourest, ancienne journaliste de la rédaction de 2004 à 2009, Philippe Val, ancien directeur de la publication, Alice et Juin, dessinateurs, Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo depuis 1992, ainsi qu’Antonio Fischetti, journaliste au sein de la rédaction. Sigolène Vinson ne témoigne pas. La journaliste et romancière avait été épargnée par Chérif Kouachi.