"Le jeu est un bon point de départ pour parler du monde"

Comment est née cette aventure ?

Lors du premier confinement, j’ai invité une dizaine de copains et copines développeurs de jeux vidéo à une réunion Zoom pour parler de nos projets, pour échapper à l’enfermement. Il y avait 70 personnes dans le chat, dont Adrien Larouzée, responsable des jeux vidéo chez Arte, avec qui j’avais l’habitude de travailler. Outre mes jeux, j’ai collaboré à d’autres projets chez eux. Ils avaient déjà une volonté d’aller sur Twitch et cherchaient ce type de contenu fait par des gens qui connaissent le jeu vidéo, et en parlent comme on aimerait qu’on en parle sur Twitch.

Vous vous autorisez le temps long. Plus de trois heures de direct !

Notre pilote de 3h30 était un peu long, c’est le retour de notre public. Sur Twitch, nous avons davantage l’habitude de regarder des gens seuls s’adressant à leur chat. Mais il peut y avoir un format talk-show qui fonctionne sur la durée. Jour de Play est émission podcast avec un plateau, éditorialisée autour d’une question centrale. Cependant, ce format ne correspond pas à la télé. C’est pourquoi nous avons décidé de remonter une version de 40 minutes, avec une voix off, pour arte.tv et YouTube. Tandis que live sera disponible sur Twitch pendant quinze jours.

Vous explorez un nouveau thème à chaque fois ?

Oui, un thème qui soulève des approches et points de vue complémentaires, dans l’introduction d’Olbius comme dans les chroniques que l’on propose. Marine Macq parle de concept art. Hugo Terra propose des "Let’s play", ce format natif de Twitch qui consiste à jouer à un jeu en commentant en direct et en laissant le public réagir. La développeuse du dimanche, Lola Guilldou, montre l’évolution du jeu vidéo sur les quarante dernières années. Et Sofia Versaveau déconstruit les discours qui y sont véhiculés. Le petit jeu textuel en fin d’émission permet de jouer en interaction avec le chat, qui opère les choix de cette aventure dont vous êtes le héros. On essaie d’explorer des formats peu habituels sur Twitch, où l’on trouve beaucoup de jeux de rôle, et on évite les tunnels, en faisant remonter des messages du chat, en illustrant les chroniques avec des vidéos.

L’actualité du jeu vidéo fait-elle partie du cahier des charges ?

Jour de Play permet de parler de jeux vidéo en parlant du monde et vice-versa, sans tabous. L’actualité n’est pas au programme. D’autres chaînes s’occupent des sorties. Si on aborde un grand fait, on en parle quelque temps après, comme le premier anniversaire d’Animal Crossing.

Cette émission porte la patte Arte ?

Il faut amener du contenu, des points de vue, permettre au public de se faire sa propre idée, montrer que c’est complexe. La curiosité est inhérente à l’ADN d’Arte mais la chaîne ne nous a rien imposé à l’écriture. Le casting est celui d’origine ; nous avons juste étoffé l’équipe. Pour construire quelque chose sur le long terme, Arte se mêle un peu de l’éditorial, en veillant à l’accessibilité du programme. Ce n’est pas parce qu’on est sur Twitch face à des gamers qu’il ne faut pas rester accessible à une partie de l’audience qui va venir sur ce programme parce que c’est Arte, et on se doit de les accompagner.

Il y a un langage technique. Avez-vous dû changer de braquet par rapport au pilote ?

Cela fait partie des points de vigilance. Nous allons inciter les gens à poser des questions dans le chat, auxquelles le community manager d’Arte répondra. Sur le live, que je présente en alternance avec Camille (de la chaîne YouTube Osmosis), on demandera des précisions sur le vocabulaire. Si on fait des private joke de connaisseurs, des références, on se devra de les expliquer mais on ne peut pas s’interdire d’en faire quand on parle de jeux vidéo.