France 2 donne la parole aux jeunes: "Cette génération traverse une crise sans précédent"

Quel est le concept de cette soirée spéciale ?

L’esprit, le principe, c’est d’écouter cette génération qui traverse une crise sans précédent, qui rencontre énormément de difficultés sociales, psychologiques, de précarité, ou d’isolement. Nous en parlons depuis plusieurs mois dans nos JT de France 2, France 3, sur la chaîne info et le site de franceinfo.fr. Et nous avons échangé sur cette idée d’événement avec Laurent Guimier (le patron de l’info à France Télévisions, NdlR) jusqu’à ce que l’on sente le moment de bascule où il est essentiel de marquer le coup. Nous donnerons la parole aux 18-25 ans pour qu’ils expriment ces difficultés, mais aussi les nouvelles solidarités et les initiatives qui se développent partout en France pour faire face à la crise. Et pour nous dire combien c’est une génération engagée, qui se bat sur plusieurs fronts. Ce n’est pas une émission pour eux, c’est une émission avec eux. Nous les avons énormément sollicités en amont sur les réseaux sociaux pour qu’ils nous aident à construire cette émission, pour définir les thèmes, les sujets à aborder, les invités, etc.

Est-ce votre mission de service public que d’être en phase avec les événements avec un objectif solidaire ?

Cette émission est dans la veine de notre spéciale de Vous avez la parole au tout début de la crise, ou de Et après, la grande émission des Européens, programmée un mois après le début du premier confinement, ou encore d’une programmation spéciale du 14 juillet adaptée au contexte avec un aspect de solidarité. Nous avons à cœur de proposer des émissions qui sont une caisse de résonance avec ce que les Français vivent. C’est totalement notre mission, effectivement, d’accompagner ces jeunes, de trouver ou mettre en lumière des solutions. Nous allons donner un petit coup de boost à l’emploi des 18-25 ans dans une opération en partenariat avec Le Figaro Étudiant, afin que les entreprises avec lesquelles nous travaillons, notamment via la régie publicitaire de France Télévisions, nous fassent des promesses de stages, d’alternances, de jobs d’été, de CDD ou de CDI. Wan2bee, le site d’annonces du groupe Le Figaro, centralisera ces offres, dont nous ferons le décompte pendant l’émission, et il y aura un droit de suite, nous irons vérifier que les promesses sont respectées. Même s’il existe d’autres initiatives, nous voulons susciter un élan positif. Avec en outre l’éclairage de Dominique Monchablon, psychiatre à la Fondation Santé des étudiants de France, et de la sociologue Anne Muxel, spécialiste des questions de jeunesse. Nous aurons aussi des artistes qui parlent à cette génération.

Vous avez élaboré cette émission en partenariat avec France 3 Régions ?

Nous avons un plateau avec Elise Lucet et Samuel Etienne, un autre à Rennes, présenté par Emilie Tran Nguyen et sa consœur de France 3 Bretagne N’Fanteh Minteh, et un troisième à Nancy avec Djamel Mazi et Aurélie Renard, journaliste à France 3 Lorraine. Nous sommes aussi en immersion à Grenoble avec des étudiants, des travailleurs précaires, et l’on collabore avec les équipes de Brut, qui proposent six autoportraits d’étudiants en cité universitaire ou retournés vivre chez leurs parents, ou des jeunes qui s’investissent dans une action de solidarité. Notre opération va au-delà de l’émission de ce jeudi, et comme on sait que cette génération déserte un peu la télé, nous aurons en parallèle un live sur Twitch, un terrain que l’on investit de plus en plus. Il s’agira de commenter l’émission, d’apporter du contenu exclusif et de permettre aux viewers d’interagir avec Eléonore Gay, qui est responsable des nouveaux contenus et des nouveaux formats numériques de la rédaction. Elle a notamment travaillé sur un live avec Samuel Etienne et le docteur Damien Mascret il y a un mois au moment du lancement de la chaîne Twitch France.tv.

D’autres événements sont-ils prévus sur Twitch ?

Nous y allons pas à pas, avec beaucoup d’humilité et de prudence, parce que c’est un univers dont nous devons découvrir les codes, les usages. Il y a une communauté de passionnés qui nous regardent avec bienveillance et aussi, parfois, se demandent ce que la vieille télé vient faire sur Twitch. C’est un outil qui nous intéresse beaucoup parce que l’interactivité y est formidable. Samuel et Elise Lucet ont fait un live au début du projet pour savoir ce que l’audience voulait voir dans l’émission. C’est la première fois que je construis une émission où le public peut avoir un avis sur la question. Nous avons testé notre premier logo, qui s’est fait rembarrer à une écrasante majorité sur Twitch et nous l’avons repris entièrement. La chaîne sur Twitch est amenée à se développer, nous sommes amenés à multiplier les événements de ce type, avec des rendez-vous de plus en plus réguliers. Et ce ne doit certainement pas être un copier-coller de ce qu’on fait à l’antenne. Ce sont deux produits totalement différents pour des publics totalement différents. Nous partons de zéro et c’est passionnant.