Jack Nicholson, l’insondable
Documentaire. Dr. Jack & Mr. Nicholson / Arte, 23h25
- Publié le 11-04-2021 à 17h21
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Dans une époque où les cinémas sont fermés au public, ce portrait de Jack Nicholson mérite d’être rediffusé tant il réussit à montrer le lien puissant qui unit la vie au septième art. L’homme aux trois Oscars reste bien mystérieux après 50 ans de carrière et plus de 60 films. Rebelle, incontrôlable, séducteur, ses rôles parlent pour lui.
Petit garçon, il grandit sans père, chouchouté par une maman et deux sœurs et par les clientes du salon de coiffure maternel. Élève brillant, enfant de chœur à l’église, il se donne des airs de dur au lycée. Grande gueule, il fait tout pour se faire aimer. Et il finit par étouffer dans le New Jersey. À 18 ans, il traverse les États-Unis seul pour rejoindre Hollywood. Il débute comme garçon de courses à la MGM, au département animation de cette société production. C’est lui qui transmet les messages, distribue le café. Il aime ce travail qui lui permet d’assister aux tournages. C’est l’époque des James Dean, des Marlon Brando.
Physiquement, il n’a pas le profil du jeune premier avec sa calvitie naissante, son bassin jugé un peu large et sa démarche un peu lourde. Dans le cinéma des années cinquante, il est trop atypique. Mais Roger Corman le repère. Le cinéaste américain apprécie son intelligence, son humour et lui laisse carte blanche dans des tournages de quelques jours à petit budget. Le jeune acteur entre dans le sérail.
"Vol au-dessus d’un nid de coucou", "Shining"…
Au sein de ces productions marginales et sans un sou, se prépare l’avenir du cinéma américain. À la fin des années 50, les grands studios commencent à perdre une partie de leur pouvoir tandis que des cinéastes indépendants et des talents de la génération des années 60-70 arrivent : Coppola, Scorsese, Denis Hopper, Peter Fonda… Attiré par le cinéma européen, celui de Truffaut, de Godard, Jack Nicholson veut, lui aussi, devenir réalisateur et écrire des scénarios.
Grand amateur de substances hallucinogènes, c’est finalement en tant qu’acteur qu’il se révèle dans Easy Rider, en 1969. Le loser entre dans la lumière, devient star et ses films se nourrissent de ses blessures intimes. Mais alors qu’il pense en avoir fini avec l’introspection pour briller dans un film de genre, Chinatown, l’homme en ressort définitivement bouleversé. Le film résonne étrangement avec sa propre histoire et un journaliste divulgue un secret de famille…
La réalisatrice Emmanuelle Nobécourt s’appuie sur ses biographes et amis pour tenter de sonder l’acteur. In fine, c’est la vie insondable que célèbre son documentaire, la vie que les artistes portent et révèlent dans leurs œuvres.