Comment la crise sanitaire a-t-elle changé l’écoute de la radio ?
La crise sanitaire a eu un effet sur la mobilité des Français et, par conséquent, sur leur écoute radiophonique. Les audiences ont fléchi, selon Médiamétrie. Le média a perdu plus de 2 millions d’auditeurs en un an dans l’Hexagone. Explications.
- Publié le 22-04-2021 à 15h45
- Mis à jour le 25-04-2021 à 18h46
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La radio a perdu 300 000 auditeurs depuis fin 2020 et plus de 2 millions par rapport à l’an passé. Couvre-feux, restrictions de déplacements, télétravail…, les décisions politiques mises en place durant la crise sanitaire modifient singulièrement le quotidien des Français et réduisent leur mobilité. Les modalités d’écoute de la radio s’en trouvent aussitôt changées. Analyse d’Emmanuelle Le Goff, directrice du département "Radio" et "Outremer" de la société de mesures d’audience Médiamétrie.
Comment expliquez-vous une telle perte d’audience en radio ?
Nous sommes dans une situation très inédite. Les habitudes d’écoute de la radio sont ancrées dans le quotidien des Français. S’il y a des mesures sanitaires qui le perturbent, comme le télétravail généralisé et le couvre-feu à partir de 18 heures, cela modifie les moments ou les lieux d’écoute. Le média radio s’écoute beaucoup en voiture. Avec le télétravail, forcément, ce moment privilégié est zappé. Chaque mesure sanitaire a son effet sur l’écoute de la radio.

Les auditeurs sont moins nombreux, mais restent fidèles ?
Ce sont des auditeurs très fidèles quand ils sont à l’écoute et les deux tiers, quasiment, sont très réguliers a montré notre dernier Panel Radio sur la vague septembre-octobre 2020/Janvier 2021. En période de crise sanitaire, le média radio continue d’accompagner les auditeurs dans leur quotidien, en bénéficiant d’une forte régularité d’écoute. Les auditeurs écoutent la radio en moyenne 14,9 jours sur les trois semaines mesurées, soit 21 jours. L’étude confirme la puissance du média radio avec près de 9 personnes sur 10 (89,8 %) qui écoutent la radio, à un moment donné, sur une période de 3 semaines, soit 49,2 millions d’auditeurs. La consommation de la radio s’adapte au rythme de vie des Français. Sur la vague janvier-mars la diminution des trajets pour les actifs, la fermeture des universités, ont eu un impact. Historiquement, un tiers du volume d’écoute se faisait en voiture et le reste était assez bien réparti pour moitié-moitié, sur le domicile et hors domicile dont la voiture. Ce que l’on observe sur cette période, c’est un transfert de l’écoute à domicile pour ceux qui n’ont pas forcément pu écouter la radio durant le trajet. En ce moment, l’écoute digitale se porte bien.
Quel est le profil des auditeurs ?
La radio reste un média des actifs, des CSP+ catégories socioprofessionnelles les plus favorisées, NdlR), avec des taux d’écoute très élevés chez les 35-49 ans et les 50-64.
Et celui des adeptes du podcast radio et du replay ?
Ce sont aussi des profils CSP+, des élèves, des étudiants, donc en général, des moins de 50 ans. Un peu plus masculins, surreprésentés à Paris, ils sont très urbains.
Comment voyez-vous l’avenir de la radio ?
Ce n’est pas toujours facile de répondre sur des notions de prospective, mais compte tenu du fait que j’ignore l’évolution du rythme des Français, dans six mois, je ne peux vous en donner l’impact sur la radio.