Qui sont ces bienfaiteurs qui lèguent leur fortune à leur commune ?
La réponse est apportée par la première enquête d’"Envoyé spécial". À voir dès 21h05, sur France 2.
- Publié le 28-04-2021 à 21h01
- Mis à jour le 29-04-2021 à 13h40
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Chaque année, en France, une poignée de communes découvrent qu’elles ont hérité. Le légataire est tantôt un habitant du village, tantôt une inconnue… Les sommes peuvent aller de quelques milliers d’euros jusqu’à des dizaines de millions. Les bienfaitrices et bienfaiteurs sélectionnés dans cette enquête d’Envoyé spécial, Héritage, la fête au village ! , ont en commun de n’avoir pas de descendance directe, d’avoir su faire fructifier leur patrimoine et de n’avoir pas fait état de leur fortune, voire de s’être montrés particulièrement radins, de leur vivant…
Décédé le 25 décembre dernier, un Autrichien a légué sa fortune au village du Chambon-sur-Lignon qui avait accueilli sa famille fuyant des nazis, en 1943. Les habitants de cette terre protestante de Haute-Loire ont participé pendant la Seconde Guerre mondiale à l’accueil et au sauvetage de quelque 2 500 juifs. En 1990, ils ont reçu la reconnaissance de "Justes parmi les nations", la plus haute distinction honorifique décernée par l’État d’Israël à des civils. Aujourd’hui, cette commune de 2 500 habitants a reçu un legs de plus de deux millions d’euros.
Il y a trois ans, Cavignac, commune rurale de 2 100 habitants près de Bordeaux, découvre le testament d’un administré lui léguant 4 millions d’euros. Le viticulteur doué en affaire, fils de marchand de vin et amoureux de sa région n’avait parlé de son projet à personne. Alors, que faire de ses terres représentant un dixième du village ? Finalement, la mairie décide de travailler les vignes, de produire du vin naturel. Elle crée des emplois. Elle redonne foi et courage aux vignerons écœurés par le vin conventionnel et l’usage des pesticides. Elle implique les écoles et donne aux jeunes le goût du travail respectueux de la terre.
"Un héritage n’est pas un chèque en blanc"
Deux villages de Bourgogne ont reçu chacun, d’une parfaite inconnue, la somme de 205 000 euros avec cette condition : le legs doit aider des personnes âgées ou malades. À Arc-lès-Gray (Haute-Saône), la mairie a créé une commission spéciale avec des élus et des citoyens pour qu’ils donnent leurs idées : "Un héritage n’est pas un chèque en blanc". La mairie se donne du temps. Oulon (Nièvre) a reçu l’autre partie de l’héritage. Pour ce petit village qui regroupe 60 habitants - 30 en hiver -, cette somme correspond à deux années du budget de la commune. Le conseil municipal, habitué aux économies, devra réfléchir à la manière de dépenser cet argent maintenant que l’essentiel, à savoir l’église, la mairie et le cimetière, sont en bon état.
Respecter la volonté du donateur
Le legs est assorti de conditions précises. Quand certaines peuvent être légères, demandant par exemple d’entretenir la sépulture d’une partie de la famille, d’autres se révèlent contraignantes et coûteuses au point de devenir "un cadeau empoisonné". Au-delà des problématiques financières et juridiques, ce reportage montre combien un village peut marquer une vie. À l’instar de Chambon-sur-Lignon, d’autres villages français qui auront su accueillir des réfugiés, des migrants, deviendront, un jour peut-être, les heureux bénéficiaires d’une bonne fortune que ces exilés auront, enfin, réussi à trouver.