Coluche, le bouffon devenu roi
La Une, mercredi 16 juin, 22h05.
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Publié le 10-06-2021 à 15h49 - Mis à jour le 12-06-2021 à 14h45
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Ils sont venus, ils sont tous là. Tous les humoristes d’aujourd’hui, ceux qui ont grandi avec lui, ceux qui apprenaient ses sketches par cœur sans vraiment comprendre ce qu’il racontait. Il y a ceux, aussi, comme Patrick Sébastien, qui l’ont connu et côtoyé. Il y a ceux qui ont tout aimé de lui, et d’autres qui éprouvent, pour certains aspects, une forme de retenue. Mais s’ils sont tous là, dans ce très beau théâtre parisien, c’est pour évoquer un homme disparu trop tôt, à 41 ans à peine. C’était il y a 35 ans : Coluche mourrait dans un accident de moto, dans le sud de la France, près de Grasse, laissant l’Hexagone (et bien plus loin) sous le choc.
Construit en quatre parties - Coluche, le roi de la provoc, le roi du cinéma, le roi des marginaux et le roi de la scène -, aucun aspect de la vie de Michel Colucci n’est laissé au hasard dans ce long documentaire (1h55). On y épluche la presse de l’époque pour tenter de comprendre comment on le voyait alors, avant que naisse l’icône. Cela donne des moments intenses, comme ce texte signé Frédéric Dard (et lu, tout à la fin, par Jamel Debbouze), qui était allé se faire une idée par lui-même, pour le quotidien France Soir.
Et puis, bien sûr, il y a les sketchs, devenus des moments cultes. Notamment celui qui va tout changer, L’histoire d’un mec, que ce comique nouvellement arrivé sur scène, va jouer un soir d’élection présidentielle, en 1974. Tandis que la France attend de savoir qui va s’installer à l’Elysée - les résultats tardent à tomber - Coluche prend le micro devant une salle mi-médusée, mi-conquise et se lance dans cet incroyable délire. Virginie Lemoine, Jean-Marie Bigard, Alex Vizorek, Thomas VDB, Vincent Dedienne, Mathieu Madénian, Anne Roumanoff, Didier Porte, Daniel Morin et Djamel, évidemment, se souviennent de la force comique de cette bête de scène. De la précision de son regard, du travail, évident, caché sous une salopette trop courte et un T-shirt jaune.
D’autres témoignages, d’époque, ceux-là, viennent alimenter ce formidable travail signé Nicolas Maupied et Didier Varrod. Celui de Louis de Funès qui évoque son partenaire après le tournage de L’aile ou la cuisse, celui de Jean Rochefort dans Les vécés étaient fermés de l’intérieur. Mais aussi Claude Berri, qui le fit Maître d’école. Ou Bertrand Blier, qui lui confia La femme de mon pote.
Enfin, bien sûr, il y eut cette blague de la course à la présidence, les années plus compliquées durant lesquelles, séparé de sa femme et ayant plongé le nez dans la poudre, Coluche a pu devenir incontrôlable. Et moins drôle, pour certains. Avant que le clown mue une nouvelle fois et qu’il lance Les restos du cœur, toujours à l’œuvre trente ans plus tard. Lors de ses funérailles, l’Abbé Pierre dira "Ah, mes amis, si vous entendez des gens dire qu’il ne respectait rien, dites que ce n’est pas vrai. Je suis témoin qu’il n’a sûrement pas été un sain à canoniser, mais il a été l’homme qui a voulu que les plus souffrants soient servis les premiers. Imitons-le."