Leur enfant a été l’auteur d’une fusillade: quand des parents témoignent du pire jour de leur existence
"Doc Shot" programme un doc diffusant une parole rare. A découvrir sur La Une ce jeudi, à 23 h.
Publié le 16-06-2021 à 19h18 - Mis à jour le 17-06-2021 à 14h51
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"Depuis 1970, les États-Unis ont connu 1 677 tueries en milieu scolaire. Causant 598 morts et 1 626 blessés." Le documentaire diffusé dans le magazine Doc Shot annonce, d’emblée, la couleur. Dans Parents de tueurs , comme son nom l’indique, Frida et Lasse Barkfors ont interrogé trois parents dont les enfants ont été les auteurs de fusillades commises dans un établissement scolaire aux USA. Un film qui constitue sans doute l’un des meilleurs réquisitoires contre les armes.
Il y a, d’abord, Sue Klebold, la mère de Dylan, qui a participé à la tuerie de Columbine (Colorado) en 1999, attaque durant laquelle 13 personnes ont perdu la vie et 24 autres ont été blessées.
Il y a, ensuite, Jeff Williams, le père d’Andrew, 15 ans à l’époque. Ce dernier avait pris l’un des revolvers de son père (un calibre 22) planqué dans un placard fermé à clef pour aller tuer deux camarades de classe et en blessé 13 autres à Santee, petite ville, en principe tranquille, de Californie.
Il y a, enfin, Clarence Elliott, dont le fils Nicholas, 16 ans, a tué un professeur (et en a blessé un autre) en Virginie.
La réflexion, plutôt que le jugement
La première prouesse du duo de réalisateurs a été, évidemment, de gagner la confiance de leurs interlocuteurs pour les faire parler longuement du pire jour de leur existence.
La façon dont ils ont appris ce qu’avait fait leur fils, les émotions par lesquelles ils sont passés (stupeur, douleur, colère, pardon…), la distance qui peut s’installer à l’adolescence, la culpabilité qui les ronge encore, le regard persistant des autres (le témoignage de la nouvelle épouse de Jeff Williams est très instructif lorsqu’elle décrit le calvaire vécu par son compagnon), les personnes qui leur ont tendu la main (Coni Sanders, dont le père a été tué par Dylan, a fait la démarche de rencontrer Sue Klebold), l’amour que ces parents gardent, malgré tout, pour leur enfant.
La démarche de ce documentaire, sobre, sans voix off, composé de longs plans, invite à la réflexion plutôt qu’au jugement, et rappelle celle de Tom Lanoye. L’écrivain et dramaturge avait tenté de se mettre dans la tête d’une maman d’un jeune terroriste en écrivant Gaz, plaidoyer d’une mère damnée (Éditions La Découverte).