Une "Minute Vieille", à la sauce belge
Les épisodes seront diffusés, quotidiennement, dès ce soir, à 20 h 45, sur Arte. Déjà sur Arte.tv.
Publié le 04-07-2021 à 20h27 - Mis à jour le 05-07-2021 à 10h21
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Mardi 19 janvier 2021, 11 heures du matin. Alors que la culture est totalement à l’arrêt, dans les locaux du studio Monev de Sint-Pieters-Leeuw, deux actrices belges de théâtre, sur le pied de guerre, se saluent chaleureusement. "On s’est croisés déjà… Ça me fait plaisir que vous soyez là", lance, enjouée, Janine Godinas, 60 ans de carrière derrière elle, à Viviane De Muynck. En plein maquillage, le monument du théâtre flamand renvoie la pareille à sa consœur wallonne. "Je suis heureuse de vous revoir." Avec Nicole Shirer et Nicole Valberg, les deux femmes ont été choisies pour faire partie du carré d’as de Fabrice Maruca, le réalisateur de La Minute Vieille sur Arte.
L’attrait du Tax shelter
Pour sa septième saison, ce dernier a, donc, décidé de passer la frontière franco-belge. Au départ, c’était surtout pour des raisons "techniques" reconnaît, avec honnêteté, Laurent Ceccaldi, producteur du programme court. "Le système de financement français ne s’applique plus à un format tel que La Minute Vieille depuis la saison dernière. Le CNC (Centre national du cinéma, NdlR), nous a dit que ça se rapprochait du sketch et ne rentrait, donc, pas dans la catégorie des œuvres aidées. Or, si je n’ai pas de CNC, je n’ai pas de crédits d’impôt… Ici, le Tax shelter remplace cette perte. Soit, l’équivalent de 100 000 euros, pour une saison, qui nous coûte 320 000 à 330 000 euros", explique-t-il masqué.
Outre l’aspect financier du projet co-produit avec la société bruxelloise AT-Prod, d’Arnauld de Battice, la Belgique intéressait, aussi, Fabrice Maruca. Originaire de Valenciennes, le "Ch’ti", tel qu’il se décrit, avait envie de rendre hommage au pays de sa grand-mère maternelle qui était de Quiévrain. Souvent au centre des blagues racontées par les mamies françaises durant les saisons précédentes, le Plat pays pourra prendre sa revanche sur ses voisins via des boutades, à défaut de pouvoir le faire sur un terrain de football. "On avait envie de changer. Ça fait six ans qu’on tape sur eux… C’est marrant d’inverser. Tout le monde a trouvé l’idée sympa chez Arte. C’est super. J’adore les Belges", s’emballe-t-il avant de tourner.
L’ajout de belgicismes
Malgré la touche belge, le concept reste le même : des dames friponnes racontent des blagues potaches en deux minutes dans un décor fleurant bon le kir cassis et les pistaches englouties chez Mamie devant Questions pour un champion. Pour obtenir un beau glacis noir-jaune-rouge, le créateur de La Minute Vieille s’est attaché les services du comédien belge Michel Israël, aperçu, entre autres, dans la série Ennemi public . Le but : ajouter quelques belgicismes tels que "septante", "Fieu", "Peye" ou encore le mot "péquet". Reste à savoir si les Français vont tout capter…
Côté accent, les actrices forcent quelque peu le trait. Pour elles, la marche à suivre est on ne peut plus calibrée, elles n’ont quasi qu’à jouer les perroquets. Façon de parler. "C’est rigolo de mettre quatre personnes âgées dans un sketch pour faire rire. En général, ce sont quand même des jeunes… C’est une très belle idée et c’est pour ça que j’ai dit oui à cette aventure. Ça n’a rien à voir avec ce que je fais habituellement. Il ne faut pas étudier son texte. C’est un orchestre. On raconte toutes la même histoire. C’est le réalisateur qui gère tout. On n’a qu’à refaire. Ça ne me dérange pas, mais c’est très fatigant", avait prévenu Janine Godinas, assise dans le réfectoire après son passage.
Créer "une super mélodie"
En descendant d’un étage, on comprend rapidement, à quel point, l’exercice n’est pas si facile pour les actrices. Assis en face de Nicole Shirer, Fabrice Maruca lit la blague, phrase après phrase, avec la bonne intonation, avant que son actrice ne la redise.
Le réalisateur peaufine, trouve ensuite la bonne musique, en changeant quelques mots, demandant plusieurs fois à son actrice de refaire certaines prises. "Ce système me permet de créer un rythme et au montage d’avoir des comédiennes qui parlent à peu près pareil. Ça fait en général une super mélodie."
À raison de sept jours de tournage, neuf heures par jour, trente blagues ont été, au final, mises en boîte. Elles seront diffusées au cours des étés 2021 et 2022. Fabrice Maruca aimerait en tourner d’autres, mais rien n’a été confirmé pour le moment.
Ce qui est sûr, c’est que son premier long-métrage (Si on chantait) avec Clovis Cornillac et Alice Pol, notamment, sortira au cinéma le 3 novembre en France et logiquement dans la foulée sur les écrans belges.