La Première se paie le crime français
Au "36", les affaires de la fameuse PJ contées par Jean-Louis Lahaye.
Publié le 08-07-2021 à 21h57 - Mis à jour le 09-07-2021 à 14h21
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5REVXESUGNDFJG7TNGWBRWJP4U.jpg)
Le 36, Quai des Orfèvres inspira Georges Simenon. Hier, cette adresse de légende qui abritait la police judiciaire de Paris vit passer Landru, Jacques Mesrine et le tueur en série Guy Georges. Aujourd’hui, elle passionne l’animateur de la RTBF, Jean-Louis Lahaye. Après avoir réalisé les deux premières séries radiophoniques diffusées sur la Première, La Belgique criminelle adaptée a la télévision et Histoire Criminelle, les enquêtes de Scotland Yard, il lance un nouveau podcast sur les grandes affaires criminelles françaises aux 19e et 20e siècles. Un Crime, une Histoire : 36, Quai des Orfèvres, ce sont 10 épisodes hebdomadaires, le dimanche de 18 h à 19 h (et en quotidienne à partir du 16 août à 12 h) contées pour nous plonger dans les abîmes de l’époque.
Comment cette série radiophonique est-elle née ?
J’ai proposé l’idée il y a une dizaine d’années, mais ce n’était pas dans l’air du temps. Depuis l’énorme succès de Christophe Hondelatte, les esprits se sont un peu ouverts. Nous avons rajouté une dimension historique au fait divers et ce fut un vrai succès ! Le crime est installé dans un contexte historique qui lui sert de décor. C’est ainsi que l’auditeur découvre la manière dont la société fonctionnait à l’époque. À Bruxelles, par exemple, les égouts étaient à ciel ouvert et l’interrogatoire se déroulait sur la scène du crime. Les suspects étaient interrogés à côté des cadavres. En France, on allait voir les cadavres repêchés dans la Seine, c’était le divertissement du moment.
Qui écrit les histoires ?
Jérôme de Brouwer, qui enseigne l’Histoire du droit et des institutions à l’ULB et que vous entendez à la fin de l’épisode, choisit des histoires, les unes les plus fabuleuses que les autres. Des affaires qui ont défrayé la chronique à l’époque et dont personne ne se souvient plus aujourd’hui, hormis Landru. Il a le privilège de pouvoir accéder aux dossiers et archives. Ensemble, nous sélections les histoires, il les écrit et les développe, puis nous les bonifions un peu pour les adapter en radio. Son point de vue d’historien nous apporte une vision précise de l’époque dans laquelle se situe l’affaire criminelle racontée sous l’angle des enquêteurs.
Et leurs dialogues intérieurs ?
Ces dialogues sont totalement imaginés, mais ils restent vraisemblables. Ils vous permettent d’asseoir encore davantage le décor et l’enquête.
Et pour l’accentuer, votre voix prend des accents particulièrement dramatiques.
L’ambiance est installée avec l’ingénieur du son qui crée un décor sonore. Ma volonté, c’est de prendre les gens par la main et de les emmener dans cette époque pour la découvrir ensemble.
Les grandes histoires criminelles de Belgique, d’Angleterre et de France vous donnent-elles une autre lecture de notre société contemporaine ?
Si je compare la justice actuelle avec elle qui était pratiquée au début du 20e siècle, l’évolution est colossale. Les techniques des enquêteurs ont accompli des bons de géant. À l’époque, on était beaucoup plus vite condamné si l’on n’était pas bien né et c’était très difficile de s’attaquer aux gens en place. Aujourd’hui, c’est tout à fait possible. On a l’habitude de dire : "c’était mieux avant". Mais après avoir bien lu et étudier notre passé judiciaire commun, je peux dire que ce n’était pas mieux avant.
Pierre Bellemare et Christophe Hondelatte vous ont-ils inspiré ?
On ne peut qu’être admiratif d’un Pierre Bellemare, en prime time sur TF1, racontant des histoires devant un simple micro et remportant un énorme succès. Depuis, Christophe Hondelatte, sait bien faire aussi. Mais si j’avais une petite critique à émettre, ce sont de temps en temps certaines de ses interventions. De mon côté, j’essaye de limiter les dialogues. Globalement, les récits n’en ont pas forcément besoin. Dans cet exercice de style, on peut vite flirter avec le ridicule. Je suis également très amateur d’Affaires sensibles par Fabrice Drouelle sur France Inter. Dans un autre style, les sujets sont souvent canons.
Quelle police européenne pourrait susciter une quatrième série ?
Ça dépend de l’envie de la RTBF et de la nôtre. Tous les pays d’Europe peuvent prétendre à rentrer dans la série. Ils ont tous leurs particularités. Et on a tous envie de découvrir ce qui se passe ailleurs. Avec l’inertie du succès, on peut se permettre d’avoir des noms qui claquent un peu moins.