La rage de jouer chevillée au corps
Barbra streisand, naissance d’une diva/Arte, 22h25. C’est l’histoire d’une petite fille de Brooklyn, trop typée, trop maigre, mal aimée par sa mère, orpheline de père à l’âge de 15 mois.
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Publié le 05-08-2021 à 13h00 - Mis à jour le 08-08-2021 à 13h30
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L’histoire de Barbara Joan Streisand, née dans le quartier juif orthodoxe, montée en graine sans véritable surveillance mais avec une idée chevillée au corps : devenir actrice. Malgré les moqueries, les quolibets, les critiques sur son physique, envers et contre tout, elle va foncer, bille en tête, traverser le fameux pont qui la relie à Manhattan où elle veut vivre son rêve en grand. Elle a 16 ans à peine, mais une détermination à déplacer les montagnes.
C’est son histoire que raconte ce très joli documentaire signé Nicolas Maupied, qui se glisse dans les pas de la future diva, de ses débuts dans les castings (d’où elle se fait recaler) à la consécration. Car si le temps a pu lui sembler long, à celle qui piaffait d’impatience, il n’aura, finalement, fallu que trois années pour qu’elle atteigne la plus haute marche de la gloire.
C’est par la chanson qu’elle y est arrivée, le jour où elle a décidé de sortir sa botte secrète : sa voix. Très vite, on lui fait un triomphe dans les boîtes gays, puis vient le tour de la télévision qui veut tout savoir sur cette drôle de fille, au physique pas comme les autres, qui affirme sa judéité sans en jouer.
Déclaration d’amour à son père
À Broadway, où elle brûle enfin les planches, c'est un nouveau triomphe. Barbara devient Barbra. Une coquetterie ? Non, une nouvelle vie. Ensuite, plus rien ne semble l'arrêter. La Funny Girl qui a conquis New York s'envole pour Hollywood et y toucher son rêve du bout de sa voix. La comédie musicale devient film et le triomphe est au rendez-vous, encore.
Dans la suite de son documentaire, Nicolas Maupied donne la parole à ceux qui l'ont côtoyée - acteurs, photographes - et à ceux qu'elle a aidés à vivre leur différence. Et l'on s'étonne de connaître (presque) tous les morceaux qu'elle entonne, tous les films dans lesquels elle apparaît. Sans concession, le réalisateur dit aussi les critiques - elle est tyrannique, veut tout contrôler -, les coups d'éclat et les coups de génie d'une femme insaisissable. Qu'elle envoûte Burt Bacharach le temps d'une chanson où tombe dans les bras de Robert Redford dans Nos plus belles années.
Reste à refermer cette première partie (puisque le documentaire court de 1942 à 1984) avec, sans doute, l'œuvre la plus aboutie et la plus intime de Barbra : Yentl. Un film comme une énorme déclaration d'amour à ce père adoré mais qu'elle n'a pas connu. Pendant dix ans, elle va porter à bout de bras l'histoire de cette fille qui se déguise en garçon pour pouvoir étudier le Talmud. Personne n'y croit, alors, elle va tout faire seule : production, réalisation, écriture et, bien sûr, rôle principal. L'entendre chanter "Papa can you hear me ?", le visage éclairé d'une simple bougie, est absolument bouleversant. Et à découvrir absolument.