Les affaires sensibles, une histoire sans fin
L’émission de France Inter arrive aussi sur France 2, en mensuel.
- Publié le 20-09-2021 à 13h32
- Mis à jour le 20-09-2021 à 13h33
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Voix chaloupée emballée dans de soudaines accélérations, Fabrice Drouelle embarque les auditeurs de France Inter dans les méandres des faits divers et autres grandes affaires. Près de 900 Affaires sensibles viennent d'être traitées à la radio. C'est l'émission la plus podcastée de France Inter, avec près de 50 millions d'écoutes en cumulé sur la saison 2020-2021 selon Médiamétrie. Et pour la première fois, France Télévisions, France Inter et l'INA s'allient pour produire ce magazine à la télévision, en conservant son titre et son animateur.
Dès ce soir, à 23 h, Présidentielle de 1995 : un scandale d'État traite du financement illicite des partis politiques orchestré par Jacques Chirac et Édouard Balladur avec la bénédiction du Conseil constitutionnel, pourtant chargé du contrôle de conformité de la loi à la Constitution… Édifiant et stupéfiant, en la compagnie de Fabrice Drouelle.
"Affaires sensibles" se reconnaît aux premières notes du générique…
Nous avons réussi à créer un univers, une façon de raconter, de choisir les sujets. C’est peut-être pour cela que le magazine a également trouvé son public au théâtre Tristan Bernard. Nous y jouons jusqu’à fin décembre avant de partir en tournée.
Le fait divers fascine.
Le fait divers, qui ne représente que vingt pour cent de notre programmation en radio, est très écouté. Ce sont des histoires de gens ordinaires qui se retrouvent dans des situations extraordinaires. Tout le reste porte sur de grandes affaires politico-judiciaires, sociales, culturelles, voire sportives.
Comment la télévision traitera-t-elle ces affaires ?
La marque de fabrique en radio, c’est l’éclectisme. Sur France 2, nous abordons des affaires retentissantes, avec de gros enjeux sur ces soixante dernières années. Au programme, d’ici décembre, une affaire politico-industrielle, une thématique nucléaire et une affaire qui remonte aux années Mitterrand. À chaque fois, nous ferons en sorte de trouver des éléments nouveaux. À l’occasion de l’ouverture des archives du Conseil constitutionnel, nous avons donc filmé les dépenses qui ont été effacées sur des bordereaux de campagne présidentielle par cette institution qui est l’équivalent d’une cour suprême. C’est assez impressionnant.
Pourquoi êtes-vous devenu journaliste ?
Adolescent, je me suis retrouvé quelques jours à l'hôpital. Je suis allé à sa bibliothèque parce que je m'ennuyais et je suis tombé sur le livre Le Pull-over rouge (NdlR une enquête du journaliste Gilles Perrault sur Christian Ranucci, guillotiné en 1976 pour le meurtre d'une petite fille de 8 ans). C'était le premier document que je lisais. Il m'a passionné. Je me suis dit que le réel avait plus de talent que la fiction. De là est venue ma vocation de journaliste. J'aime les histoires que de vraies gens ont vécues, auxquelles on peut s'identifier.
Quels métiers exerçaient vos parents ?
Ma mère était sans profession et mon père ouvrier. Je suis né en Normandie, dans le Calvados, en 1958. Du milieu provincial et ouvrier d’où je sortais, impossible d’espérer le moindre appui. J’ai fait mon choix, tranquille.
Et ce goût pour la comédie ?
Mon ex-épouse était comédienne. Elle me faisait répéter ses textes et appréciait mon travail. Alors je me suis lancé. Après 15 ans d’expérience sur les planches, j’ai pu jouer au théâtre Tristan Bernard devant 400 personnes.
Écrivez-vous les récits d’"Affaires sensibles" ?
Un pôle d'auteurs s'en charge. Je réécris et apporte des éléments d'analyse. C'est une liberté éditoriale que ne possèdent pas forcément de jeunes auteurs de 30 ans. Je reçois des textes auxquels je peux apporter ma valeur ajoutée qui fait le style d'Affaires sensibles.
Un fait divers vous interroge ?
L’affaire Jean-Luc Romand me fascine. Ce type va se faire passer pour un médecin, mentir pendant 20 ans sans que son entourage ne se pose de questions. Pour moi, c’est autant le procès d’une société que d’un homme.
Une affaire politico-judiciaire vous inspire ?
L’affaire du Carrefour du développement en 1986 touche d’abord le PS puis les Gaullistes. Elle montre que les hommes politiques de tous bords ont été très longtemps déconnectés de la réalité et ont cru pouvoir tout se permettre, en toute impunité.
Le Conseil constitutionnel a validé le "pass sanitaire" en France. Peut-être lui consacrerez-vous un prochain sujet…
Bien sûr, puisque les affaires que l’on voit aujourd’hui sont de futures affaires sensibles. C’est une idée sans fin, un puits sans fond.