Pourquoi les gens n’aimeraient-ils pas les vieux ?
Une dizaine d’hommes et de femmes considérés comme "vieux" prennent la parole. Ils ne disent généralement pas leur âge, seul leur prénom apparaît. Que désirent-ils ? Que craignent-ils ? Qu’espèrent-ils ? À quoi s’amusent-il ? Ils ont entre 63 et 92 ans, ils savent qu’on les considère comme des "vieux" Schnocks. Ils préfèrent se baptiser "Schnocks". On est créatif quand on est vieux. Schnocks, la vie en vieux** / La Une, à 22h10
Publié le 22-01-2022 à 20h13 - Mis à jour le 22-01-2022 à 20h14
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Documentaire. Pourquoi les gens n'aimeraient-ils pas les vieux ? Parce qu'ils sont encombrants ? Plus lents ? Et qu'il faut faire attention à eux ? Parce qu'ils sont encore jeunes ? Toujours jeunes ? Parce qu'ils ont peur de devenir vieux, à leur tour ? "Mourir, cela n'est rien, mourir, la belle affaire ! Mais vieillir, oh, oh vieillir"…
Une dizaine d’hommes et de femmes considérés comme "vieux" prennent la parole. Ils ne disent généralement pas leur âge, seul leur prénom apparaît. Que désirent-ils ? Que craignent-ils ? Qu’espèrent-ils ? À quoi s’amusent-il ? Ils ont entre 63 et 92 ans, ils savent qu’on les considère comme des "vieux" Schnocks. Ils préfèrent se baptiser "Schnocks". On est créatif quand on est vieux.
"J’espère bien danser jusqu’à 100 ans"
Françoise monte les trois étages de son immeuble, tant qu’elle le peut, et contre l’avis de ses enfants, inquiets d’une probable chute. Elle aime son appartement qui donne sur la rue, sur un jardin d’enfants, sur la vie. Elle aime se réchauffer au soleil. C’est une chance de le voir apparaître et disparaître jour après jour.
Sa voix vibrante de gratitude vaut tous les stages de méditation du monde. Claudette est danseuse, elle aime toutes les danses : "J'espère bien danser jusqu'à 100 ans, au moins, avec les bras, avec les yeux, avec la tête. Je peux danser avec mon nez, ma bouche, mes yeux, mes oreilles. Je peux faire des tas de choses". Laurent Follea et Antonin Boutinard Rouelle signent un documentaire vivifiant, qui avait été diffusé l'an passé dans la case Infrarouge de France Télévisions.
En couple, à la pêche entre copains, en EHPAD, sur un site de rencontre, sous la douche, à la mer, en vélo… Chacun des protagonistes est incarné, chaque mot dit n'est pas vain. Comme ce couple d'amoureux après 60 ans de mariage qui se tient la main, s'embrasse, se love dans l'autre avec une expression si particulière, que l'on retrouve au plus jeune âge. C'est La puissance de la douceur qu'a décrite Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, dans ce livre magnifique et indispensable : "La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d'accueil et de don, elle apparaît à la lisière des passages que naissance et mort signent. Parce qu'elle a ses degrés d'intensité, parce qu'elle a une force symbolique et un pouvoir de transformation sur les êtres et les choses, elle est une puissance", résume sa quatrième de couverture.
Il émane de celles et ceux qui témoignent de leur vie, dans ce documentaire, une puissance nouvelle. Elle ne doit rien à la force physique ou intellectuelle. Elle naît de l’abandon à la célébration de l’instant présent, à la beauté du monde. Ces vieux ne sont plus dans l’urgence, ils ne sont plus dans la survie. Ils connaissent l’imminence. Ils ont choisi la vie. Ils nous font envie.