"Le fantastique Mr Murray" : portrait de l'acteur ce dimanche sur Arte

Le fantastique Mr Murray / Arte, à 22h55.

Virginie Roussel
Le fantastique Mr Murray
©© Bridgeman Images

Dans ce portrait de Bill Murray, le réalisateur Stéphane Benhamou épouse son sujet en adoptant le même ton que l’acteur. Bill Murray, c’est un flegme et une imprévisibilité, un sens de la formule, le regard de côté. C’est un charme fou, aussi, dans une sorte de swing. À propos, c’est sur un terrain de golf que le jeune Irlandais peaufine son style.

Une famille très catholique

Avec ses huit frères et sœurs, il grandit à Wilmette, au Nord de Chicago, dans une famille très catholique - l’une de ses sœurs entrera dans les ordres. Leur petite maison est bien plus modeste que toutes celles du voisinage résidentiel. À quelques centaines de mètres de là, il travaille comme caddie pour gagner de l’argent de poche dans un club de golf, un club de WASP, l’acronyme de White Anglo-Saxon Protestants, soit "protestants anglo-saxons blancs". Ce terme, souvent péjoratif, qualifie une élite américaine de riches protestants dans les années 60. Sur le terrain de golf, cette élite n’admettait pas les catholiques irlandais autrement que comme employés. Adolescent, le jeune Bill n’oubliera pas les humiliations vécues. Face à la bêtise humaine, il apprend à rester stoïque en toutes circonstances.

Du tribunal au "Saturday Night Live"

Ses parents s’inquiètent un peu de son avenir. Il les rassure en leur disant qu’il veut être médecin. Mais la mort de son père des suites de son diabète en 1967 et les commentaires de ses professeurs au lycée qui le décrivent comme totalement incontrôlable, mettent un terme à ses études. Bill Murray est un perturbateur et s’en amuse.

En 1970, à l’âge anniversaire de sa vingtième année, alors qu’il a 20 000 dollars de marijuana planqués dans ses bagages et qu’il s’apprête à embarquer à l’aéroport de Chicago, il fait croire à ses compagnons de voyage qu’il a également deux bombes avec lui. Il est aussitôt arrêté et se retrouve au tribunal. Bill explique alors son ambition à sa famille : laisser tomber la fac pour dealer et voir du pays. Son autre ambition, était aussi de jauger l’humour des policiers.

Cette prédisposition pour la provocation, le conduit dans le show du Saturday Night Live qui se singularise par des stand-up subversifs. Dans les seventies, Bill Murray devient l'idole des ados et en 1984, se retrouve au casting de la comédie hollywoodienne SOS Fantômes, ce qui en fait une superstar. Mais l'humoriste est aussi à l'affiche du film Le fil du rasoir, une adaptation du roman de Somerset Maugham qui fait écho à sa propre quête spirituelle et c'est un flop.

À Paris incognito à la fac

Il disparaît alors avec femme et enfants et s'installe à Paris, s'inscrit incognito à la Sorbonne pour étudier l'histoire et la philosophie. Il passe ses après-midi à la Cinémathèque, subjugué par le génie comique de Buster Keaton. Il adoptera son jeu d'acteur, un minimum de mouvement pour un maximum d'effet, comme l'illustre son rôle marquant dans Lost in Translation de Sofia Coppola.

Si le ton de ce documentaire rend hommage à l’acteur, il sacrifie parfois au fond et à l’information qui aurait pu aider à le cerner davantage.

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