Ce que les femmes doivent à Gisèle Halimi
C’est quoi une femme ? C’est quoi un homme ? La Une dresse le portrait de Gisèle Halimi, figure d’envergure du féminisme.
Publié le 27-02-2022 à 21h46
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La célèbre féministe française, Gisèle Halimi, a doté la femme d’une dignité et d’une liberté nouvelle. Avocate, elle dénonce la torture et les viols de l’armée française sur les indépendantistes algériens pendant la guerre d’Algérie. Au risque de sa vie, elle est favorable à l’indépendance du pays. En France, elle se bat pour la libéralisation de l’avortement et la criminalisation du viol.
Le réalisateur Cédric Condon lui rend hommage dans ce portrait qui dresse les hauts faits de son engagement, Gisèle Halimi, la cause des femmes , diffusé dans Le temps d'une histoire, sur La Une, vendredi, à 23h05.
Zeiza Gisèle Elise Taïeb naît en 1927, à Tunis, "juive, pauvre, colonisée et femme" raconte ce documentaire. Le père ne se fait pas à l'idée d'avoir une fille. Ses parents cachent sa venue au monde pendant trois semaines en faisant croire que sa mère n'a toujours pas accouché.
La petite fille doit se mettre au service des hommes de la famille, servir ses frères à table, faire leur lit, le ménage, la vaisselle, célébrer leurs résultats scolaires alors qu'elles les considèrent comme des cancres. Un jour, elle dit : non ! Malgré les gifles, elle tient bon. À 12 ans, elle entame une grève de la faim. Ses grands-parents s'inquiètent. Elle l'emporte. Et gagne son "premier morceau de liberté", écrira-t-elle. "On a su que quand je disais je ne veux pas, j'étais capable d'aller jusqu'au bout."
À partir de sa propre vie, Gisèle Halimi prend conscience de cette discrimination qui asservit les femmes. Elle se nourrit de sa blessure d’enfance, de l’absence d’amour de sa mère, fille de rabbin, pour construire un combat à la fois personnel et universel, théorisé par ses lectures.
À 18 ans, son diplôme secondaire en poche, elle débarque en France et s'inscrit en fac de droit. Elle prête son serment d'avocate en 1949, à l'âge de 21 ans. Gisèle Halimi est mère de trois fils. Serge Halimi, directeur du Monde Diplomatique, est absent de ce documentaire. Seuls Emmanuel Faux, journaliste et Jean-Yves Halimi, avocat, l'évoquent avec admiration. Ce dernier taira les rapports conflictuels qu'ils connurent.
"Maud, petite-fille de Gisèle Halimi"
Gisèle Halimi décède à l’été 2020, dans sa 93e année. Le grand regret de sa vie était de ne pas avoir eu de fille. À la naissance de Maud - fille de Jean-Yves -, sa petite fille devient le centre de sa vie dans une relation fusionnelle. Aujourd’hui, âgée de 28 ans, Maud s’exprime avec sincérité et maturité sur ce puissant héritage.
La libération opérée par les unes ne fait pas toujours le bonheur des autres. Ce témoignage sensible sur la valeur de l'héritage rappelle la nécessité de se libérer de ce qui ne nous appartient pas, pour oser être soi, pour oser sa propre vie. Nul ne peut faire l'économie de sa propre émancipation, c'est à découvrir sur Spotify avec le podcast Filles de lutte consacré à Maud, petite-fille de Gisèle Halimi.