Vert de rage : un journaliste au secours des citoyens
Vert de rage : L’uranium de la colère sur France 5, lundi à 21h
Publié le 06-03-2022 à 15h28
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TL6QRMQRPBD4LE3FIPEGTHTN6I.jpg)
Martin Boudot enquête sur les grands scandales environnementaux à travers le monde. À son palmarès : DIG Award de la meilleure investigation européenne en 2015, prix Europa du meilleur grand reportage européen d’actualité en 2017, Rory Peck Award - catégorie Impact - en 2019. Deux fois, il a été sélectionné pour le prix Albert-Londres.
En 2009, ce journaliste d'investigation entre à l'agence de presse Premières Lignes qui produit Cash investigation, présentée par Elise Lucet. Pour France 5, il développe ensuite la collection documentaire Vert de rage qui entame sa deuxième saison. France 5 propose déjà la série Sur le front, dans laquelle Hugo Clément n'hésite pas à se mettre en scène et à s'appuyer sur les actions des défenseurs de l'environnement.
Dans Vert de rage, Martin Boudot procède différemment. Plus discret, il enquête avec le soutien d'une équipe de scientifiques indépendants. Il réalise des tests et des prélèvements pour documenter les pollutions. Il partage ses résultats avec les populations victimes de ces contaminations. Et son approche, à la fois journalistique et scientifique, porte ses fruits.
Le combat d’un lanceur d’alerte
Dans son enquête, L'uranium de la colère, il s'envole pour le Niger, à Arlit. Les habitants vivent à proximité d'une immense mine d'uranium. Depuis 2002, un lanceur d'alerte, Almoustapha Alhacen, se bat pour faire connaître l'impact des activités d'extraction de l'uranium au Niger par Orano, ex-Areva. D'anciens salariés sont malades ou morts. Pourtant, officiellement, aucun habitant, ni aucun salarié d'Orano n'a jamais été reconnu malade à cause de la radioactivité.
Le seul à l’avoir été est un salarié français qui n’a passé que 7 ans dans cette ville quand la plupart des hommes vivent et travaillent là depuis plus de 40 ans. Martin Boudot réussit à réaliser des prélèvements et à mesurer la radioactivité avec l’aide de la CRIIRAD (Commission pour la recherche et l’information indépendante sur la radioactivité). Dans ces zones d’habitation, la radioactivité est deux fois plus élevée que dans la zone interdite de Tchernobyl.
Radioactivité en France aussi
À Narbonne, en France, les riverains du site de traitement d’uranium le plus important de France, sont inquiets. L’usine de conversion d’uranium se dresse à moins d’un kilomètre de cette ville de plus de 52 000 habitants. Le directeur du site affirme qu’il n’y a aucun danger pour les habitants.
Dans la région, on ne se fâche pas avec Orano qui verse chaque année d’importants d’impôts locaux et offre des emplois. Alors, le journaliste procède à des relevés. L’étude menée pointe bien une pollution de l’environnement y compris dans une zone habitée.
Une fois les résultats des conclusions scientifiques mis à jour, les associations locales ont enfin pu se faire entendre. Des élus se sont emparés de cette enquête pour interpeller le Maire de Narbonne sur la présence de l'usine : "Je partage votre sentiment sur l'absence totale de transparence, mais en même temps, nous n'avons malheureusement aucun levier pour pouvoir être au sein d'Orano, pour leur exiger quelques analyses, quelque expertise ou quelque communication de document."
Un aveu d’impuissance particulièrement grave. Il aura donc fallu cette enquête journalistique pour que les résultats d’analyse confirment les soupçons des citoyens. Et pour la première fois en France, vingt-sept Nigériens ont ainsi déposé une plainte (contre X), pour homicide et blessures involontaires liés à l’extraction d’uranium. L’instruction est en cours.