À la RTBF, certains réclament la tête de Cyril Detaeye : "Ce n'est pas le premier dérapage"
La CGSP appelle les citoyens à dénoncer une émission "café du commerce" et dénonce l'absence de formation journaliste de l'animateur vedette de l'émission C'est vous qui le dites
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Publié le 02-02-2023 à 11h35 - Mis à jour le 02-02-2023 à 11h47
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Après les multiples critiques émises envers Benjamin Maréchal, l'ancien animateur star de l'émission "C'est vous qui le dites", une partie du personnel de la RTBF s'attaque cette fois à son remplaçant, Cyril Detaeye. Au travers d'un communiqué interne de la CGSP, dont La DH a obtenu copie, les tirs fusent. Les citoyens sont même invités à dénoncer la manière dont les débats sont menés à la direction de la chaîne publique. Pas de doute, dans les couloirs de Reyers, on veut la tête de Cyril Detaeye.
C'est un débat mené récemment sur la peine de mort qui a donné du grain à moudre aux détracteurs de l'animateur. La CGSP déplore ainsi la manière dont le thème a été abordé sur antenne.
"A cette occasion, une partie du Personnel de la RTBF, parmi lesquels plusieurs journalistes, nous ont fait part de leur dégoût pour la façon dont cette thématique a été (mal)traitée sur nos antennes. Complétant la demande exprimée en direct par des auditeurs de l’exécution des détenus 'pédophiles', un échange en particulier, lors duquel une auditrice faisait état de son souhait de mettre à mort, elle- même, des toxicomanes, a repoussé toujours plus loin les limites d'un genre mal maîtrisé destiné 'à faire de l’audience'. En effet, dans un contexte social parfois extrêmement simplificateur, notamment celui des échanges sur les réseaux sociaux, nous avons été stupéfaits de voir que le débat pouvait glisser, sans filtre ni intervenants qualifiés, vers l’expression de préjugés simplistes portant sur la vie même de personnes dans un état de droit", peut-on lire dans le communiqué de la CGSP.
Le syndicat s'inquiète aussi du rôle de Cyril Detaeye, qui n'a pas le titre de journaliste : "Notre critique consiste dans le fait que cette émission au titre dédouanant par avance les pires expressions individuelles, puisque 'C’est vous qui le dites' dépend en réalité d’animateurs qui, dans ce cadre, n’endossent généralement pas la fonction ni le rôle de journaliste, et n’ont a priori pas conscience d’avoir des comptes à rendre en termes de déontologie professionnelle. Si on associe cet élément au fait que les intervenants tenant des propos extrêmes semblent mal filtrés en amont par manque de moyens ou de professionnalisme, à moins qu'ils ne soient sciemment conservés pour faire rebondir l'audience, il faut constater que dans ce contexte, ce programme semble ne plus bénéficier de certaines des garanties que l’on est en droit d'attendre du traitement de l’information par des journalistes dans leur cadre dédié. En l’absence d’une pluralité d’interlocuteurs compétents, le risque d’aborder des sujets aussi sensibles et de les voir déraper dans un cadre simpliste s’amplifie considérablement, et constitue également un important facteur de populisme, voire de radicalisme, sur des sujets pour lesquels une expertise professionnelle dans des domaines abordés est requise : pédophilie, maltraitance, prostitution, inceste, toxicomanie, peine de mort…"
Le travail de l'animateur semble être scruté par ses collègues, qui signalent qu'il "ne s'agit pas du premier dérapage". "Et si notre propos n'est pas de stigmatiser le personnel d'antenne qui réalise une émission en direct, nous ne pouvons néanmoins rester passifs devant ce qui relève d'un manque d'encadrement par des professionnels et/ou experts présents, et d’une méthodologie peu adaptée à des débats sur des sujets aussi délicats. Si vous partagez notre sentiment et nos craintes à cet égard, nous invitons tout citoyen à en faire état auprès de la Direction de la RTBF afin que ces types de débat soient désormais encadrés par des journalistes sous l’autorité de la Direction de l’Information, et ne puissent plus constituer une simple forme de divertissement apparentée au 'café du commerce' sous bannière de chaîne publique, sous peine de décrédibiliser totalement les médias qui luttent en faveur de l’état de droit et de la dignité humaine".
Le ton est donné. Il va sans dire que l'ambiance est plus que jamais électrique à la machine à café. Contacté par nos soins, Cyril Detaeye n'a pas souhaité réagir. Il nous renvoie vers sa direction.