Arno, Charles, Ernest: les petits noms de M. Hintjens
Arno n'arrête jamais. Nouvel album, promo, scène. Quand ce n'est pas un best of. Occupé, il l'était encore le 30 janvier dernier quand il fut décoré chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. Un petit mois plus tard, sort chez les disquaires son 25e album en 25 ans `Arno Charles Ernest´.
Publié le 23-02-2002 à 00h00
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Arno n'arrête jamais. Nouvel album, promo, scène. Quand ce n'est pas un best of. Occupé, il l'était encore le 30 janvier dernier quand il fut décoré chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres.
Un petit mois plus tard, sort chez les disquaires son 25e album en 25 ans `Arno Charles Ernest´. Trois petits noms accolés - le sien et ceux de ses deux grands-pères - et l'impression de pénétrer dans son intimité comme jamais auparavant. `Cela correspond à une période de ma vie. Mais d'un album, chacun se fait son propre monde, l'interprète comme il l'entend´, constate l'homme qui, a priori, n'a pas trop envie de pousser plus loin l'analyse, tout en constatant: `La promo, ça c'est vraiment du boulot. Parce qu'on doit parler de soi-même.´
L'AMOUR... AU CINÉMA
Quinze morceaux composent `Arno Charles Ernest´, dont les titres sont aussi suggestifs que `Amor´, `Ma femme´, `Not in love´. Une déclinaison de l'amour à tous les degrés: avec un grand A, avec un petit a; `qui fait vaciller´
mais aussi `qui marche au cinéma, mais pas chez moi´. `Je ne crois pas à l'amour éternel. Je déteste les films américains qui parlent d'amour. C'est un truc qui n'existe pas, mais les gens aiment ça.´ Et Arno, de commenter, prolixe: `Les femmes et les hommes, ils vivent ensemble, ils ont des enfants. Dans le temps, les femmes s'occupaient de leurs enfants. Maintenant, elles ont les mêmes ambitions que les mecs. Elles rentrent de temps en temps plus tard à la maison. Les enfants sont déjà là, ils regardent la télévision ou leur Playstation en mangeant un TV dinner.´ Ouh la la, le terrain devient glissant, on ne s'y aventurera pas davantage, laissant Arno conclure en s'interrogeant - quand même. `Je constate. Je parle pas en général. Mais est-ce qu'on vit ou on existe?´
Ceci dit, les femmes interviennent aussi professionnellement dans la vie d'Arno. Comme Reggie - pour un duo ou dans les choeurs -, Jane Birkin - pour la reprise d'`Elisa´ - ou Marie-Laure Béraud, la mère de ses enfants - pour les judicieuses paroles de `Lola, etc.´ et `Il est tombé du ciel´. C'est sur `Honky Tonk´ - sorte de duo black-blanc-blues - que la voix de Reggie répond à celle d'Arno. Ce qui fait dire au sieur: `If you taste black, you never go back´. Et, plus sérieusement: Reggie, c'est comme ma soeur, je la connais depuis longtemps, 20 ans je crois. Elle était déjà présente sur mon premier album solo.´ Quant au morceau partagé avec Jane, Arno commente son historique. `Je l'ai enregistré alors que le disque était déjà terminé. J'étais chez mon frère, le morceau de Gainsbourg était sur la platine. Je lui dis: je connais cette chanson. Mon frère me répond: `Oui, tu as enregistré ce morceau à la télé il y a 4 ans avec Jane´. (Pour Taratata, ndlr) Je suis rentré chez moi, j'en ai fait une adaptation. Un de mes musiciens m'a suggéré de l'enregistrer avec Jane. Je lui ai téléphoné, envoyé une maquette et elle m'a répondu: `OK, je viens quand?´ `Jeudi´, lui ai-je répondu. Et elle était là.´
REPRISES
Les reprises, Arno s'en est toujours emparé avec énormément de bonheur. Que ce soit `Le bon Dieu´ ou `La la la´ de Brel, `Les filles du bord de mer´ d'Adamo, `Comme à Ostende´ de Ferré, `Sous ton balcon´ de Nougaro´. Sur le dernier album, `Elisa´ de Gainsbourg côtoie `Mother's little helper´ des Rolling Stones. Une relecture tout en retenue, presque a capella, avec un enrobage musical minimal. `C'est une chanson que je connais depuis longtemps, que je chante souvent. Un jour, j'ai acheté un box des Rolling Stones. En écoutant `Mother...´, je me suis dit: Jagger c'était un vrai visionnaire d'avoir écrit cette chanson dans les années 60.´
Où il est question une nouvelle fois du rôle de la femme dans le couple.
Pour une dame, Lola dans la fiction, Arno chante: `Lola c'est pour toi/Que je me lave sous les bras/Y'a qu'un truc que je ne ferai pas/C'est l'after-shave et ça même pour toi´. Des paroles que l'on doit à quelqu'un qui le connaît bien, en l'occurrence son ex-femme. L'homme aurait-il quelque chose contre l'eau de toilette? `Ma grand-mère elle a toujours dit: `Un homme il doit avoir l'odeur du tabac, de la sueur et du sperme´. Les gens, ils ont peur de l'odeur. Quand on rentre dans un magasin, on doit choisir entre 50 000 after-shave.´
Quand Arno a quelque chose en ligne de mire, rien ne l'arrête. Dans `They look at me´, il vilipende ainsi les magazines féminins où tout est `fake´ (artificiel). `L'autre jour, j'étais chez une copine. J'ouvre un magazine. Il y avait quatre pages consacrées au maquillage des pieds. Qui est intéressé par ça? Les médias mettent la pression en disant aux femmes comment elles doivent être. Ils disent même comment les mecs doivent être!´
Ce n'est certainement pas à Arno qu'il faut dire ce qu'il doit faire. Ainsi quand il reprend les canons d'un genre musical, c'est pour d'autant mieux le détourner. Comme une musique waterzooi. Ce qui lui fait dire: `Je suis belge, hein! Mais tout est comme ça. Il faut une fois regarder ici (par la fenêtre du 6e étage d'un immeuble situé près de la porte de Flandre). C'est New York, c'est la Flandre, c'est Berlin, c'est tout ici. C'est bordélique, mais c'est beau´.
A l'instar de `Pas heureux ni malheureux´, inspiré d'une chanson qu'il avait écrite en 78 avec Tjen Couter. Très flonflon bastringue, arrière-salle de café des Marolles. `Très bruxellois´, commente l'intéressé, en même temps appréciable par tous parce que tellement authentique.
© La Libre Belgique 2002
`Arno Charles Ernest´, un CD Delabel distr. Virgin 7243 8119592 5 En concert à l'AB les 20 et 21/3. Rens. 02.548.24.24.