A l’épreuve du concert
Au centre de la pédagogie de la Chapelle, une des plus vieilles techniques du monde : le compagnonnage. On en eut un bel exemple jeudi soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, lors d’un concert donné en compagnie de l’Orchestre national de Belgique dirigé par Walter Weller (une expérience en soi), où jeunes musiciens et maîtres se sont succédé, jusqu’au numéro final donné par José Van Dam et sa classe.
Publié le 23-01-2009 à 00h00
Au centre de la pédagogie de la Chapelle, une des plus vieilles techniques du monde : le compagnonnage. On en eut un bel exemple jeudi soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, lors d’un concert donné en compagnie de l’Orchestre national de Belgique dirigé par Walter Weller (une expérience en soi), où jeunes musiciens et maîtres se sont succédé, jusqu’au numéro final donné par José Van Dam et sa classe.
La première partie laissa pourtant l’auditeur sur sa faim. Après une ouverture de "Prométhée" (Beethoven), assez sommaire mais enlevée, l’orchestre fut rejoint par le jeune violoniste arménien Hrachya Avanesyan - un des talents les plus originaux et les plus accomplis de la Chapelle - pour un concerto de Sibelius où il ne se passa hélas pas grand-chose : tempos trop sages, orchestre terne et indifférent, absence de tension ; même le jeu, d’ordinaire si brillant, du violoniste semblait plombé par l’inertie générale. La pianiste russe Ksenia Morozova - éblouissante dans sa robe blanche à bustier - enchaîna joliment avec les "Variations" de Chopin sur l’air de Mozart, "La ci darem la mano", une œuvre de jeunesse, surtout décorative qui, tant qu’à figurer dans ce contexte (où l’on attend quand même plus d’audace artistique), aurait gagné à être jouée avec plus de liberté, et surtout d’esprit (une brillante étude du même, en bis, sauva la mise )
La seconde partie allait faire décoller le concert, tout d’abord avec l’opus 92 de Schumann où Abdel Rahman El Bacha fit soudain passer un grand souffle d’inspiration ; ensuite avec la classe de chant, emmenée conjointement par un José Van Dam déchaîné et un Walter Weller totalement à son affaire. On entendit ainsi Soumaya Hallak, Anne-Fleur Inizan, Lies Vandeweghe, Madeleine Colaux et Elias Benito-Arranz dans quelques-unes des scènes les plus périlleuses et les plus drôles de "Falstaff" de Verdi, mises en espace (1 m x 10 m, à l’avant de l’orchestre, un tour de force) par Alain Garichot.
Et là, la magie opéra : grâce à "Falstaff", un chef-d’œuvre absolu - ça aide ; grâce à la générosité du "maître" partageant l’expérience de toute une vie d’artiste - et à quel niveau ! - avec ses étudiants, grâce au talent des jeunes chanteuses et chanteurs, grâce à l’énergie d’un travail d’équipe. Un moment de bonheur, offrant aussi, sur le plan pédagogique, de précieuses indications.