Un Patrick acoustique
Sans doute la connaît-on par cœur, l’histoire du p’tit Maurice Benguigui à qui l’on a menti Y avait une place à prendre, celle des Grands hommes, "comme de bien entendu". Il y est allé après s’être cassé la voix et le voici "Seul ou presque" devant cinq mille personnes, à Forest National. L'agenda des festivals d'été 2009 All Access, le blog musique de la Libre
- Publié le 07-06-2009 à 00h00
Sans doute la connaît-on par cœur, l’histoire du p’tit Maurice Benguigui à qui l’on a menti Y avait une place à prendre, celle des Grands hommes, "comme de bien entendu". Il y est allé après s’être cassé la voix et le voici "Seul ou presque" devant cinq mille personnes, à Forest National.
A priori, et en ce qui nous concerne, Bruel en concert relève plutôt du plan B. Bruel, en tournée acoustique, en revanche A découvrir, paraît-il. Le chanteur populaire, parfois dépassé par l’hystérie provoquée, peut enfin se montrer tel quel, se raconter d’hier à aujourd’hui, en toute intimité face à un public qui le suit volontiers dans cette nouvelle voie. Inscrite dans le fil de son histoire, chaque chanson raconte sa raison d’être, entre deux confidences et la voix puissante d’un artiste en pleine maturité.
Seul à la guitare, un instrument qui lui va comme un gant et dont il joue extrêmement bien, Patrick Bruel, auréolé de subtils jeux de lumière, demande en chantant "Voulez-vous qu’on joue notre musique ?". Suivra le premier mensonge d’un père "qui a rien dit quand il s’est fait la paire", et sonnera déjà, pour le gamin d’Argenteuil, l’heure de faire semblant. Conquis, le public aura droit aux promesses de lycée et aux retrouvailles orchestrées par Patrick Sabatier. Tous étaient au rendez-vous, sauf Marco, leur mentor Bruel le revoit et dédie, à l’ami qui a honte de sa vie, une de ses plus belles chansons, avec "Le café des Délices".
Et lui ? Que lui dirait aujourd’hui le gamin de quinze ans qui griffonnait des poèmes dans un vieux carnet gris en grattant trois accords de guitare ? "Je crois que j’ai rempli le contrat" répond le chanteur. Il mentirait, cependant, s’il lui disait qu’il n’avait pas souri à ses silences. Qui est à l’abri ? "Merci Patrick" crie alors un mari compris.
Arrive donc la rupture, la souffrance et la très belle "Lequel de nous", une des chansons de l’album live "Seul ou presque" qui sortira le 15 juin. Bonne nouvelle pour les fans qui ont swingué au son de "Lâche-toi" et vibré aux accords de Roman Chelminski, l’excellent guitariste qui accompagne Bruel et qui, par sa présence scénique, a, lui aussi, conquis Forest.
Fameux coup de poker, en tout cas, que cette tournée acoustique démarrée en octobre dernier pour passer de la salle des fêtes de Melun à l’immensité de Bercy. Partout, qu’ils soient 500 ou 5000, l’ambiance veillée était garantie. Chacun, certes, a poussé la chansonnette mais sans hurler et très à l’écoute des accords de guitare ou de piano. Difficile pour l’artiste de ne pas cacher son émotion : "C’est incroyable, Forest, c’est toujours pareil. Ce qui se passe ce soir est hallucinant. Même dans mes rêves les plus doux, je n’aurais jamais osé l’espérer." Ne sachant comment remercier le public, Patrick rend hommage à Barbara et lui emprunte, pour conclure, l’une de ses plus élégantes formules, "je vous remercie de vous".
Patrick Bruel sera aux Francofolies de Spa le 18 juillet. www.francofolies.be