Sting, an Englishman in Brussels

Sting revient au rock et reprend sa basse. Concert en tous points prévisible mais d’une imparable efficacité, au Cirque royal.

Nicolas Blanmont
Sting, an Englishman in Brussels
©Christophe Bortels

Le cycle est récurrent chez plusieurs musiciens rock dotés d’une certaine intelligence. A force de se faire prendre pour des zazous par leurs collègues de la grande musique, ils éprouvent soudain l’envie de retourner aux sources de leur éducation classique et se baignent quelques temps dans les eaux du symphonique et des salles respectables. Puis, constatant que leur public ne les suit pas nécessairement dans ces sphères, reviennent à leur style d’origine et se vantent au passage de l’authenticité dont est porteur un tel retour aux sources.

Ainsi, après avoir signé un album de chansons élisabéthaines ("Songs from the Labyrinth"), un autre album d’inspiration classique ("If on a Winter’s Night") ainsi qu’une tournée et un album avec orchestre ("Symphonicities"), Sting était de retour dimanche (puis lundi) à Bruxelles, dans le cadre de sa tournée "Back to bass".

Jeans "slim-fit" et T-shirt crème moulant parfaitement des pectoraux impeccables, crâne rasé d’assez près pour ne laisser que deviner le gris des cheveux restants, le sexagénaire Gordon Summer porte beau. Et plutôt conquérant : rarement une basse a revêtu pareille dimension phallique.

L’instrument fétiche est non seulement pointé vers l’avant, mais aussi mixé très en avant dans le son impeccable qui noie le Cirque royal. Autour de Sting, les Miller à la guitare (Dominic le père à l’électrique, Rufus le fils à l’acoustique), un violoniste de chaque sexe (l’un pour les solos jazz-rock, l’autre, essentiellement rythmique, qui fait également office de choriste) et l’indispensable batterie complètent cette formation atypique.

Musicalement et scéniquement, c’est totalement prévisible, mais le résultat est efficace et plaisant. Ne se contentant pas du minimum syndical, Sting joue le jeu avec générosité, s’adressant régulièrement au public pour présenter les chansons et s’efforçant de le faire en néerlandais autant qu’en français. On a beau se douter que les effets sont les mêmes chaque soir ("J’habite à la campagne. Dans une toute petite maison. Non, en fait, c’est un grand château !"), on rit de bon cœur.

Avec moins d’un quart de titres de Police, la setlist n’aura peut-être pas comblé les fans du trio, mais la soirée se déroule sans temps morts avec une énergie quasi constante pendant deux heures sans entracte. S’il n’y avait eu les stewards pour les en empêcher, les quadras/quinquas qui remplissaient la salle en configuration assise se seraient bien levés dès un "Demolition Man" qui secouait joliment.


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